Rebelles,

Deux mois se sont écoulés depuis notre dernier numéro. Malgré les fêtes, les rebelles de par le monde ont été bien actif·ves ! Au programme de ce numéro, de la fluorine, de l’écoféminisme mais aussi les JO et la COP 28. Une hotte bien remplie en somme.

Bonne lecture… avec amour et rage, toujours.

RETOUR SUR NOS ACTIONS

Collage écoféministe à Poitiers

Fin novembre 2023, les rebelles d’XR Poitiers ont rappelé qu’écologie et féminisme sont liés. Par des collages écoféministes, iels ont rappelé que, non, XR n’est pas qu’une question de climat (on ne le répétera jamais assez). Avec des slogans comme “Sorcière vénère et révolutionnaire” ou “Ni la Terre, ni les femmes ne sont des territoires de conquête”, les rebelles ont mis en avant les liens entre l’exploitation de la nature et celle des femmes. En effet, celles-ci sont les premières victimes des écocides.
Alors luttons contre tous les systèmes de dominations, car ceux-ci sont liés et c’est en les considérant conjointement que nous pourrons avancer.

 📸 XR Poitiers

Journées contre le béton

Du 9 au 12 décembre ont eu lieu les Journées contre le béton, auxquelles ont participé des dizaines d’organisations parmi lesquelles des groupes locaux XR, les Soulèvements de la Terre ou encore Youth for Climate. Ces journées marquaient la date anniversaire de l’action emblématique de Bouc-Bel-Air, contre une cimenterie Lafarge, le 10 décembre 2022.

La production de ciment et de béton représente en effet 8 % des émissions mondiales de CO2, en plus de polluer les rivières et de nourrir l’incessante artificialisation des terres. Des installations de production de béton, d’enrobés bitumineux et de ciment ont ainsi été ciblées à Paris, au Teil (Ardèche), à Val-de-Reuil (Eure) ou à Saint-Barthélemy-d’Anjou (Maine-et-Loire), parmi bien d’autres lieux de rassemblement. Des actions ont également été menées en Suisse et en Belgique. Un récapitulatif de ces journées est disponible sur ce lien.

Opération “Page Blanche” à Dijon

Dans la nuit du 10 au 11 décembre, entre 400 et 500 publicités ont été retirées des abris-bus et panneaux tournants, à Dijon. Une belle surprise pour les habitant·es qui se sont réveillé·es dans une ville libérée de la publicité.
Dans leur communiqué, les rebelles rappellent que la publicité profite à un petit nombre et non à l’économie locale : seules 14 % des publicités étaient consacrées à la culture, la santé ou les événements locaux… contre 16% pour la vente d’alcool.
Les activistes ont également laissé un second cadeau : un mode d’emploi à destination des habitant·es pour que tous·tes puissent lutter contre la publicité dans leur ville. Et joyeux Noël !

📸 JC Tardivon

À Clermont, un calendrier du vivant

En décembre, le GL de Clermont-Ferrand a eu la merveilleuse idée de créer un calendrier de l’Avent du vivant. Après avoir procédé à une série de collages dans les rues de la ville, dans la nuit du 29 au 30 novembre, XR Clermont a dévoilé chaque jour de décembre une “case” de ce calendrier sous la forme d’une photo postée sur ses réseaux sociaux et représentant divers végétaux et animaux.
Les Clermontois·es ont ainsi pu croiser sur leur chemin un renard, entre la rue des Gras et la rue de la Prévôté, ou encore un pied de cardère, qui avait poussé près de la place de la Treille. Comme le précise XR Clermont, la vie reprend très vite là où on lui laisse de la place. Et si on laissait refleurir la beauté du Vivant ? Et si on arrêtait de bétonner la nature ? Et si on arrêtait les herbicides et les insecticides ?

📸 XR Clermont-Ferrand

Alpes : les JO, c’est non !

Des centaines de manifestant·es se sont rassemblé·es ce samedi 6 janvier pour protester contre l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) d’hiver en France, en 2030. Des rebelles XR, notamment du GL Hautes-Alpes, étaient présent·es aux rassemblements organisés à l’appel du collectif No-Jo, à trois endroits dans les Alpes.
Le collectif No-Jo pointe l’aberration économique, sociale et environnementale que constitue l’organisation des JO : destruction des milieux naturels, prélèvements de neige héliportée pour assurer la tenue de compétitions, artificialisation, gentrification… autant de pratiques délétères allant à rebours des impératifs de protection des espaces naturels et des ressources en eau.
Si la décision définitive doit être prise en juin, seule la candidature des Alpes françaises a été retenue à ce jour pour l’organisation des JOP en 2030. Mais la lutte se poursuivra dans les mois à venir.

📸 Collectif No-Jo

Actualités

COP 28 : Pétrole mon amour !

Allez, avouez que vous aussi vous avez pensé que la COP 28 à Dubaï c’était une blague. Qu’un sommet international annuel sur le dérèglement climatique dans la capitale pétrolière, c’était forcément un article du Gorafi. La réalité est parfois bien plus cynique que les satiristes, n’est-ce pas ?
Le ton donné, les activistes se sont très vite inquiété·es pour leur sécurité. À Dubaï, entre la surveillance globale et les arrestations sommaires dénoncées par Amnesty International, les militant·es ont préféré ne pas sortir du cadre de la COP 28 pour manifester. Un premier coup à la liberté d’expression.
Mais ne désespérons pas car cette rencontre dénombre quatre fois plus de… lobbyistes pétroliers que l’édition précédente. On y trouvait notamment le PDG de Total, Patrick Pouyanné (cocorico ?). Malgré les soi-disant débats, cela démontre bien que les énergies fossiles ne sont pas prêtes à se retirer du marché. Ces industries constituaient une délégation plus importante que tous les États présents… hormis le Brésil et les Émirats Arabes Unis qui ne sont pas connus pour leurs positions d’écologie radicale. De quoi renverser le rapport de force entre industries et États.
Ah, j’ai parlé trop vite, je vois pointer une bonne nouvelle. Oui ce serait un “accord historique” vers une transition hors des énergies fossiles ! Un compromis aurait été trouvé pour “transition[ner] hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques”, sans précision de date. Et ce nouvel effet d’annonce a été accueilli avec une ovation…
Rappelons que ces sommets sont des lieux de rencontre entre les États et les industries fossiles. Ce sont des lieux où des accords politiques et économiques se passent. Ce sont aussi des lieux où des promesses sont faites mais aucunement tenues. Rappelons que lors du sommet de l’ONU pour l’ambition climatique du 20 décembre, de nombreux·ses chef·fes d’États étaient absent·es.
Nous n’espérons pas que les promesses soient tenues, nous n’espérons pas que la COP 29 réglera le problème, que des “accords historiques” seront trouvés. Mais nous serons là.
Car quand l’espoir meurt… l’action commence !

Le canal de Venise en vert contre les farces de la COP 28

Le 9 décembre, le grand canal de Venise a été coloré en vert pour dénoncer les farces des politiques lors de la COP 28 face au dérèglement climatique.
Le colorant utilisé, la fluorine, est totalement inoffensif et est régulièrement utilisé dans la médecine ou pour la détection de fuites. Une opération bien visible pour dénoncer l’inaction des politiques mais aussi leur accointance avec les industries fossiles.
Un avertissement avait déjà été lancé par XR Italie qui avait utilisé le même procédé pour colorer en vert fluo la fontaine de Trévi à Rome.“La crise climatique a déjà des impacts désastreux sur le territoire italien, la science nous dit qu’elle va s’aggraver et la politique perd du temps avec des farces. Nous nous révoltons contre cette inaction, nous ne pouvons pas rester silencieux·ses pendant que notre avenir est vendu aux industries fossiles !”

 📸 Manuel Silvestri / REUTERS

Suisse : premier prisonnier climatique

La Suisse a fait son premier prisonnier politique climatique, dénonce le groupe XR Lausanne. L’activiste Nikoko a en effet écopé de deux mois de prison ferme pour avoir filmé une action de collage de pages du dernier rapport du GIEC devant le Grand Conseil (Parlement) du canton de Vaud, à Lausanne, le 18 août 2021.
Les rebelles qui avaient procédé au collage ont pu s’en tirer avec une amende de deux cents francs (environ deux cents euros). Ayant refusé de payer, Nikoko, qui n’avait pourtant fait que filmer la scène, s’est vu infliger une peine de prison ferme. Une sanction pour le moins politique et dont l’objectif est clair : intimider, et ainsi empêcher l’exercice des droits à la liberté d’expression et de manifestation.
Ce 12 décembre 2023, une marche de soutien regroupant plus de 200 personnes a accompagné l’activiste jusqu’à l’entrée de la prison des Plaines de l’Orbe, où il a été incarcéré. Une pétition appelant à sa libération est disponible ici 👉 https://freenikoko.ch/.

Procès de rebelles

Nanterre, 5 décembre : relaxe

Le 5 décembre dernier, quatre rebelles XR étaient jugés pour avoir tagué des palissades de chantier à Sèvres, afin de protester contre l’abattage d’une soixantaine d’arbres centenaires près de Saint-Cloud. Le délibéré est tombé le 19 décembre, et les quatre rebelles ont été relaxés ! Le tribunal correctionnel de Nanterre a en effet estimé qu’iels avaient simplement exercé leur liberté d’expression.

Paris, 12 janvier : action Poison d’avril

Le 12 janvier, 15 rebelles XR étaient jugé·es par la cour d’appel de Paris par suite de l’action Poison d’avril menée contre la Banque de France le 1er avril 2021. Pour rappel, les 15 rebelles avaient été condamné·es à des amendes de 200 à 300 euros en première instance.
Le climatologue Jean Jouzel et l’eurodéputé Pierre Larrouturou sont venus témoigner à la barre en faveur de la relaxe, la ligne de défense consistant à plaider l’état de nécessité climatique, dont les trois critères sont : “danger actuel ou imminent” (ici, l’urgence climatique), “menace” (concernant toute l’humanité) et “proportionnalité” (action symbolique sans dégradations).
“Mais pourquoi n’inventez-vous pas de nouvelles actions légales ? Vous êtes des gens inventifs, il faut de l’imagination. Allez sur TikTok…” Une sortie pour le moins lunaire, que l’on doit à la présidente de la cour. Les personnes présentes à l’audience ont également rapporté un réquisitoire de l’avocat général à tendance climatosceptique. Le verdict sera rendu le 8 mars prochain.

📸 Vincent Lucchese/Reporterre

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📸 Florentvnr

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