(Cet article est le dernier d’une série de quatre articles, accessibles ici)

Comment, quelle mise en place ?

Il y a plusieurs chemins possibles, notamment :

  • 1er scénario : extension des alternatives concrètes Généralisation à grande échelle des initiatives locales : gratuité du bon usage de l’eau, du gaz et de l’électricité couplé à un renchérissement du mésusage mise en place de monnaies locales initiative citoyenne pour produire localement de la nourriture réduction du temps de travail (temps partiel, année sabbatique,…) pour se consacrer aux initiatives citoyennes locales. soutien progressif des collectivités locales soutien et généralisation par l’état La DIA se met en place progressivement. Ce scénario est très lent mais des mouvements populaires ou, moins probable, des élections peuvent accélérer sa mise en place. Des exemples sont en place en Grèce ou à Détroit. Il y a convergence entre décroissance choisie et récession subie.

  • 2ème scenario : mise en place d’un RIE qui se décline vers une DIA Le RIE, revenu inconditionnel d’existence, est couplé avec un RMA, revenu maximum acceptable. Les collectivités locales peuvent adapter le RIE en incluant des droits d’accès ou d’usage en contrepartie d’une baisse du montant en euros. Libérés du travail contraint, les citoyens peuvent se consacrer à la mise en place d’alternatives concrètes. Le RIE évolue progressivement vers la DIA avec d’autres droits d’accès et d’usage (logement, santé, éducation, etc.). Le versement en partie en monnaie locale permet de sortir du système financier. Pour que la notion de DIA s’impose, un préalable est le décolonisation de nos imaginaires, tant notre société est organisée autour du travail salarié.

  • 3ème scénario : réduction du temps de travail à travers son partage Face au chômage endémique, réduire le temps de travail afin de le partager s’impose. Il ne s’agit pas d’encourager l’oisiveté, le temps libre ainsi libéré permet de se réapproprier la politique par la mise en place ou la participation aux alternatives concrètes. La décroissance, en apportant de la sobriété, de l’efficacité et des énergies renouvelables, permettra d’aborder avec un peu plus de sérénité la fin du pétrole bon marché.

Convergence entre ces scénarios

Les 3 scénarios sont complémentaires. La mise en place du 1er scénario peut profiter de la réduction du temps de travail du 3eme scénario. Une fois les alternatives en place et le temps de travail réduit, la place est faite pour un RIE couplé à un RMA et à une réappropriation du système bancaire. Une fois démonétisé et décliné en droit d’accès et de tirage, le RIE devient une DIA. La transformation en profondeur de la société, que ce soit psychologiquement, culturellement, socialement, économiquement, politiquement et institutionnellement est en marche pour construire des sociétés soutenables et souhaitables basée sur la décroissance.

Déjà des objections

Une société d’oisifs assistés ?

  1. l’expérience montre que les personnes bénéficiant d’un revenu garanti (bénéficiaires d’un revenu inconditionnel ou gagnants d’une loterie) gardent un emploi ou financent un travail ou un petit commerce.
  2. les tensions entre ceux qui ont choisi le travail productif et ceux qui choisissent une activité non marchande sont moindres que les tensions du système actuel qui rime avec chômage (exclusion, pauvreté, dépression, alcoolisme, …) avec mal-être au travail (stress, burnout, …), avec pollution et avec exploitation du sud par le nord.
  3. si tout le monde déserte le travail, cela prouvera qu’il était une obligation, une contrainte, une aliénation.
  4. il y a déjà 12 millions de bénévoles en France.
  5. si l’activité se réduit, ce sera bon pour la planète
  6. c’est une solution pour les chômeurs, toujours plus nombreux.

Inconditionnelle ? droits et devoirs…

La DIA se construit en même temps que la société évolue et elle se discute au niveau local. Seul le fait de la donner à toutes et à tous de la naissance à la mort est inconditionnel. La DIA pose la question du partage des tâches difficiles ou ingrates.

Quel financement pour la DIA ?

Le projet ne nécessite pas davantage de richesses donc d’argent, car il s’agit de produire et de consommer moins. C’est la répartition qui change. La DIA est un défi et un choix qui peut s’imposer si nous souhaitons réellement sortir du capitalisme et de l’impasse environnementale. Ce choix de société ne passera pas par les urnes mais bien par le désir de la société de ne plus travailler pour consommer mas d’être autonome pour vivre ensemble.

Plusieurs études on démontré que la DIA était finançable notamment grâce a un impôt de 100% au dessus du RMA et grâce à une taxe pénalisant les productions non locales, non respectueuses de l’environnement ou encore néfastes (publicité, armement, produits jetables, etc.). L’armement et la publicité représentent les 2 premiers budgets mondiaux.

Une DIA couplée à un RMA : et ma liberté de consommer ?

Prendre l’avion tous les week-end, rouler en 4x4, la liberté de consommer a un prix et empiète sur l’avenir et l’espace vital des autres. Sommes nous prêts à travailler toujours plus pour consommer toujours plus de produits dont nous n’avons pas besoin et qui plus est, participent à détruire la planète mais aussi à exploiter d’autres personnes ?

Le risque d’une immigration massive ?

Nous avons besoin de solidarité à l’échelle mondiale. La décroissance rompt avec l’exploitation du sud par le nord et préserve les conditions permettant aux populations de ne pas avoir à fuir pour survivre.

Conclusion

L’utopie d’aujourd’hui sera la réalité de demain La société capitaliste, consumériste et productiviste est en crise. Les catastrophes ont déjà commencé : plans d’austérité, effondrement écologique, raréfaction des matières premières. Le choix est entre récession subie ou décroissance choisie. A travers la DIA, en s’appuyant sur les initiatives existantes, un outil économique et social permettant une transition démocratique et sereine vers des sociétés soutenables et souhaitables basées sur la décroissance est proposé.

Il répond aux maux de la société de croissance, notamment la perte de sens. C’est un outil de protection émancipateur qui questionne : qu’est ce qu’on produit ? Comment ? Pour quel usage ? Il permet de sortir du culte de la « valeur travail » alors que nous produisons déjà trop et que nous consommons inutilement. C’est un outil de transition qui se construit au fur et à mesure que la société évolue et se heurte aux limites du système actuel.

La DIA, c’est la liberté, liberté par rapport aux objets, liberté de rechercher une activité épanouissante et utile, liberté de repenser notre vie collective, liberté d’avoir une action politique, etc.

La fraternité redevient une devise pleine de sens en nous sortant de l’artificialité du capitalisme qui atomise les individus et ne laisse que la liberté de choisir entre 2 marques dans un supermarché.

L’égalité retrouve son sens authentique dans une société sobre permettant à toutes et à tous de vivre frugalement mais décemment sans que ce soit de la charité.

Il y a plusieurs chemins de transition démocratique et sereine possibles vers de nouveaux modèles de sociétés soutenables et souhaitables basés sur la décroissance.