Le 17 décembre 2021, 8 militant·es d’Extinction Rebellion (XR) ont été arrêté·es suite à une action de désobéissance civile non-violente contre TotalEnergies, le géant français des énergies fossiles. Leur procès aura lieu le 3 octobre 2023 au tribunal judiciaire de Lyon. Cet article veut apporter un éclairage sur ce qui s’est passé ce jour-là, et pourquoi nous sommes de plus en plus nombreux et nombreuses à nous lever à travers le monde face à l’une des multinationales les plus meurtrières sur Terre.

Photo d'une banderole Total fossoyeur du vivant, déployée lors du blocage du port pétrolier ; on voit des vélos posés devant. Crédits photos : Engrainage.media

On se retrouve tôt ce matin-là à Lyon, avec quelques centaines de personnes, pour mener un blocage d’ampleur d’un terminal pétrolier. Nous voulons mettre en lumière par une action directe non-violente les risques imminents1 auxquels nous faisons face en laissant TotalEnergies continuer à extraire des énergies fossiles et ouvrir de nouveaux gisements tout en bafouant les droits humains2. En effet, les projets de Total sont des bombes climatiques et sont capables à eux seuls d’amener l’humanité à sa perte3. Cela fait 40 ans que TotalEnergies sait que ses actions nous mènent inéluctablement à la mort. Ils n’ont rien dit, ils n’ont rien fait. Pire, ils ont activement participé à décrédibiliser la science et empêcher toute régulation des énergies fossiles4. Cela fait 40 ans que TotalEnergies est coupable, et malgré les lanceurs d’alerte, les enquêtes, les procès, TotalEnergies n’a changé que de nom.

Photo de travaux pour installer l'oléoduc du projet EACOP.
Photo d'un puits du projet Tilenga.

Comme d’autres avant nous, et comme d’autres le feront après nous, le 17 décembre nous avons tiré la sonnette d’alarme en entravant directement certaines activités de TotalEnergies. D’abord par un blocage des entrepôts pétroliers du port Édouard-Herriot. Puis après s’être fait en grande partie empêchés par la police qui nous attendait, nous décidons sur le tas d’organiser une autre action pour rendre visible à toutes et tous ce message d’alerte que la police nous empêche de faire passer.

Nous sommes donc allé·es (re)peindre une station service TotalEnergies dans la ville avec nos messages, accompagnés de nos slogans et de nos banderoles. Le gérant, prévenu par la police qu’une action pourrait avoir lieu, appelle la police sans attendre en nous voyant. L’action ne dure que quelques minutes. Nous déployons une banderole, écrivons des slogans de soutien aux populations directement touchées par la multinationale sur le sol et les murs, peignons quelques terminaux de distribution et attachons avec un cadenas certains des pistolets de service. Nous partons, mais le message reste, la sonnette d’alarme est tirée.

Photo du blocage du port pétrolier, une banderole est déployée et des rebelles parlent à un routier bloqué. Crédits photos : Engrainage.media
Photo du blocage du port pétrolier, des rebelles sont regroupés d'un côté et des policiers de l'autre, plusieurs camions sont à l'arrêt. Crédits photos : Engrainage.media
Photo d'un·e activiste en pleine décoration d'une station-service Total. On voit des messages peints, tels que : Total ment. Crédits photo : Extinction Rebellion
Photo de l'action à la station-service, des rebelles en barrent l'accès tout en tenant des banderoles : Arrêt Total des activités, et Mettons fin à Total avant que Total ne mette fin... Crédits photo : Extinction Rebellion

Mais alors que nous nous dispersons, la police nous attend dans une des rues adjacentes. Nous sommes huit à l’avoir empruntée. Nous nous faisons arrêter. Après nous avoir tenu·es aligné·es debout contre un mur pendant environ une heure, on nous fait monter dans les fourgons. Direction le commissariat pour une garde à vue dont nous ressortons après plusieurs heures de privation de liberté. Nous recevons quelques semaines plus tard une convocation au tribunal.

Nous voilà en procès. Un procès pour de la peinture, un cadenas et une banderole. Pour cela, nous risquons jusqu’à des peines de prison. Pendant ce temps, alors que les activités de TotalEnergies mettent à mal l’ensemble de la vie sur terre, la multinationale ne s’est jamais aussi bien portée. Elle a engrangé l’année dernière des bénéfices records de plus de 30 milliards d’euros5 en continuant ses projets mortifères à travers le monde avec l’appui financier et politique de la France. Qui la justice protège-t-elle ?

Le 3 octobre prochain, nous serons donc au tribunal, mais à ce stade ce n’est plus seulement de nous qu’il s’agit. Nous appelons à ce que ce jour soit un pas de plus dans cette lutte pour la vie que nous menons. Il est temps qu’ils comprennent que le mouvement mondial qui se lève contre TotalEnergies ne s’arrêtera pas tant que nous n’aurons pas la justice, tant que Total continuera de forer partout et de détruire nos conditions d’existence. Aujourd’hui, ce n’est pas nous qui devrions être sur le banc des accusé·es, mais bien TotalEnergies.

Nous appelons à converger le 3 octobre devant le tribunal judiciaire de Lyon et les tribunaux des autres villes pour faire entendre cette voix, et réclamer justice pour l’ensemble des personnes dont les vies sont impactées par la multinationale. Nous appelons à multiplier les actions partout en France dans les jours qui précèdent. Nous appelons à faire entendre les voix des populations qui se lèvent.

Ce siècle est un combat, nous avons choisi notre camp.
Photo du blocage du port pétrolier, on voit des rebelles regroupés avec des drapeaux XR, il fait encore nuit. Crédits photo : Marylène

Si vous voulez prendre part à cette mobilisation, proposer des actions, témoignages, participer à la rédaction d’une tribune collective ou toute autre marque de soutien, contactez nous par ici : procestotal3octobre2023@​extinctionrebellion.fr