Cher·es ami·es,
Edition spéciale ! Voici une 5e newsletter concentrée sur les événements de la semaine en cours : une rébellion au nom du vivant, contre les forces qui le détruisent, coordonnée dans plus de 60 villes du monde ! Une rébellion qui n’est pas qu’un soulèvement, mais montre aussi la voie d’une société plus démocratique et plus juste. Après un récapitulatif des dernières actions en France, on vous explique la philosophie de cette démarche, et on vous briefe sur les actions à rejoindre durant cette Rebellion Internationale d’Octobre (RIO).
SOMMAIRE
- Actions passées en France
- Pourquoi bloquer une capitale ?
- Rejoignez RIO
- Nous soutenir
Actions passées en France
A Strasbourg, le lundi 16 septembre, s’est tenu un rassemblement sur le campus Esplanade pour dénoncer la déforestation, ses conséquences et la disparition du Vivant. Les militant·es ont tout d’abord créé un « chemin de croix », chaque croix portant le nom d’animaux menacés d’extinction en Amazonie. Puis les croix ont été disposées en un « Cimetière des espèces disparues ». Au son du clairon, les rebelles ont dénoncé la responsabilité collective des Etats, des entreprises et des consommateur·trices face à la déforestation, ainsi que les phénomènes intimement liés tels que l’atteinte aux droits fondamentaux des populations indigènes, l’exploitation d’êtres humains, utilisation de pesticides dangereux sans protection.
Jeudi 26 octobre, les rebelles de Lyon, associés à Youth For Climate, Alternatiba, ANVCop21 Rhone, ont détournés des affiches du Grand Lyon et créé la surprise dans les abribus! En reprenant la charte graphique et leurs éléments de langage, les militants ont réalisé une fausse déclaration de “L’état d’urgence climatique et écologique” avec les engagements qui vont avec : “Alimentation 100% bio et locale”, “Zéro artificialisation des sol”… L’objectif était de remplacer des panneaux publicitaires, incitant à la consommation de masse, par des mesures concrètes à adopter rapidement face au désastre actuel. Découvrez ces affiches dans Positivr.
En Isère, le 28 septembre, suite au commencement des travaux pour élargir l’A380, une cinquantaine de cyclistes activistes ont bloqué l’autoroute durant une trentaine de minutes. Sur cette même autoroute, habillés de noir, les rebelles ont organisé une cérémonie funéraire symbolique. Ils ont entamés des chants et déposé les cercueils de la biodiversité locale, de la santé publique, du climat et de la démocratie et enfin de la civilisation de la voiture. Les rebelles ont réclamé “un véritable contrôle citoyen et démocratique » sur les décisions locales, d’autant plus nécessaire que ce projet climaticide a été adopté dans l’opacité la plus totale. Tous les recours juridiques n’ont pas été épuisés. Reportage vidéo et infos sur placegrenet.fr
A Lille, ce même samedi, une quarantaine de militants d’Extinction Rebellion et d’associations diverses ont peint des cyclistes sur la route afin de réclamer plus de pistes cyclables aux autorités. Et ce 4 octobre, le conseil municipal a adopté à l’unanimité le voeu de reconnaissance d’urgence climatique (4’41’’), associé à plusieurs engagements concrets pour une transition solidaire et écologique : une déclaration qui fait suite à celles de Londres, Amsterdam, Montreuil, Paris ou Toulouse. La mobilisation exceptionnelle des groupes locaux XR n’est pas pour rien dans ce processus de reconnaissance qui, s’il reste insuffisant, place les autorités face à leur responsabilité historique.
A Rennes, le même 28 octobre, des militant·es d’Extinction Rebellion se sont introduit·es au siège de Blot immobilier et ont déversé des feuilles mortes dans leurs locaux, afin de dénoncer l’inutilité du projet de centre commercial “Open Sky” à Pacé, qui serait implanté sur 10 hectares de terres agricoles. Rennes métropole ne soutient plus le projet, cependant le permis de construire est délivré et les travaux peuvent légalement commencer. En savoir plus sur France3-régions.
A Gonesse (Val-d’Oise), ce vendredi 4 octobre, on a marché contre les bulldozers ! Les opposants à Europacity iront jusqu’à Matignon ce samedi 5. Extinction Rebellion s’associe au combat des habitants contre ce projet d’un autre siècle. Les opposant·es se disent désormais prêt·es à créer une zad s’iels ne sont pas entendu·es, expliquent-iels à Reporterre.
Pourquoi bloquer une capitale ?
Par quel moyen faire advenir le changement massif et radical imposé par la crise environnementale en cours, inséparable d’une crise sociale ? Cette question est au fondement d’Extinction Rebellion. Plusieurs décennies de militantisme traditionnel ont échoué à faire advenir ce changement, et il faut en tirer les leçons. Demandons-nous ce qui fait que ce changement n’arrive pas. Voici quelques pistes :
1- les peuples ne sont pas informés par les médias ni les gouvernements des avertissements des scientifiques ; pire, certaines instances, entreprises, lobbies, etc., au pouvoir d’influence extrême, mènent un combat actif pour maintenir le statu quo et empêcher une transition qui leur serait dommageable à court terme ;
2- les gens sont trop accaparés par leurs problèmes quotidiens - notamment pécuniaires, dans le cadre de sociétés de compétition - pour penser et prendre au sérieux un futur abstrait et hypothétique, même catastrophique ;
3- le système actuel rend difficile d’amorcer cette transformation réelle sans déclencher des bouleversements structurels déstabilisants pour une population non prévenue ;
4- les pays mènent entre eux une guerre économique, ce qui fait qu’un Etat ne peut pas amorcer une telle politique sans risquer de se faire écraser par les autres, économiquement, voire militairement.
Ces quatre facteurs nous attachent à un train qui fonce dans le mur. Si nous voulons sauver les vivants au sein du système-terre actuel, et in fine la possibilité d’une survie pacifique pour l’humanité, il faut déverrouiller un par un chacun de ces points. C’est ce que propose la stratégie globale de notre mouvement.
La disruption économique provoquée par un blocage non-violent des capitales répond directement aux deux premiers point. D’abord, elle oblige les médias à parler des mouvements écologiques de manière massive, puisqu’il devient impossible de les ignorer. Ensuite (et indirectement), elle cherche à remplacer la désinformation par un débat public. Aujourd’hui, la crise écologique est une idée lointaine et vague pour une grande part de la population, qui peut continuer à vivre en y pensant de temps en temps sans vraiment prendre parti. En revanche, après plusieurs jours de blocages, une paralysie de l’économie, et un battage médiatique constant, chacun devra prendre position au sein du débat. Réalisant l’obscurantisme des politiques actuelles de croissance, de compétition, de domination sur la nature et l’humain, les citoyen·nes seront plus à même de soutenir massivement le mouvement climat et de défense du vivant.
C’est par la création d’une assemblée internationale de citoyen·nes tirée au sort (work in progress!), et la multiplication de ces assemblées, garantes d’une transition juste et équitable, à l’échelle locale, qu’Extinction Rebellion propose de désamorcer la tension des troisième et quatrième points. Car ce ne sont pas les peuples qui sont en guerre, mais leurs dirigeants - parfois contre une partie de leur peuple. En réparant la démocratie, en donnant les informations apportées par la science aux peuples, et en leur rendant le pouvoir par le biais d’assemblées citoyennes véritablement décisionnaires, nous aurions une chance d’être à la hauteur du défi que l’humanité s’est jeté à elle-même !
Ces réflexions stratégiques, que l’équipe de la newsletter a recueillies auprès du groupe de travail “Recherche et Systémique” d’XR, sont basées sur de nombreux travaux de chercheur·ses et d’historien·nes des mouvements sociaux. Dans cette vidéo, Roger Hallam, cofondateur d’XR-UK, revient sur le parcours militant et intellectuel qui a conduit aux blocages monstres d’avril dernier à Londres.
Rejoignez RIO
Sans brûler un gramme de kérosène ! « LE PLASTIQUE NOUS INTOXIQUE », « DEMAIN TOUS MIGRANTS ! », « TOURNEZ MANEGE », « ARCHIPEL DES NOUVEAUX MONDES »… Toutes les actions prévues et les formulaires d’inscription, ainsi que notre gazette quotidienne ‘ICI RIO’ sont à retrouver ici.
Nous soutenir
Dès son lancement, il a été établi qu’XR France n’engagerait aucun permanent, afin d’éviter une logique de professionnalisation du mouvement et de favoriser l’horizontalité dans la prise de décision. Ainsi tou·tes nos rebelles sont bénévoles.
Achat et location de matériel, frais de structures (dont nos serveurs), frais judiciaires… Malgré le DIY, les solutions de récup exploitées au maximum et l’énergie incroyable qui irrigue le mouvement, la rébellion implique quelques moyens ! Pour nous aider, faites un don, ponctuel ou régulier, en passant par la plateforme sécurisée HelloAsso : à Extinction Rebellion France ou pour l’organisation de la RIO en octobre.
D’autres idées pour nous soutenir :
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Avec amour pour le vivant
et rage contre le système qui le détruit,
Extinction Rebellion France