“L’agro-industrie tue” 

Voici le message inscrit sur la banderole que des activistes du mouvement de désobéissance civile avaient accroché en septembre 2023 sur des méga-silos du port de La Rochelle, dans le cadre de sa campagne Changement de Régime. Ils et elles avaient été relaxé·es en première instance au motif de l’état de nécessité ; une victoire historique saluée par l’ensemble des organisations écologistes en France et en Europe.

Mais l’état de nécessité a été remis en cause par le parquet et leur procès en appel, non sans ironie, aura lieu lundi 7 avril, Journée Mondiale de la Santé.

Depuis cette action, non violente comme toutes celles du collectif, le fossé qui divise le monde agricole, entre syndicats majoritaires partenaires des lobbys agro-industriels et paysannerie indépendante, ne cesse​​​​​​​ de se creuser. L’OFB a été menacé1, l’ADEME a été menacée2, l’Agence Biologique a été menacée3 et la scission entre paysannerie et agriculture intensive est consommée.

Sous leurs pressions, une nouvelle loi d’orientation agricole a été votée à la veille du salon de l’Agriculture. Au programme : dépénalisation d’atteintes graves à la biodiversité, assouplissement des règles sur les pesticides et d’implantation de mégabassines. Une véritable régression pour l’environnement et notre souveraineté alimentaire !

De la violence d’un côté, des verroux de protection de l’environnement qui sautent de l’autre : oui, c’est sûr, l’agro-industrie tue, encore et toujours” s’exclame Claire*, une des prévenues.

Extinction Rebellion poursuit la lutte pour un autre modèle agricole. Cette année, une série d’actions axées sur les dangers des pesticides est menée. La dernière en date, la grande Marche pour un “Printemps Bruyant” du samedi 5 avril a vu son appel signé par plus de 80 collectifs, scientifiques et élu·es.

Notre action en septembre 2023 visait à lancer l’alerte, et elle a déjà été reconnue légitime en première instance. Notre objectif reste encore la reconnaissance de l’état de nécessité lors de cet appel”, reprend Claire*.

A Poitiers, plusieurs organisations ont répondu présent et viendront en soutien aux militant·es avec un rassemblement prévu à 12h devant le tribunal de Poitiers. Des prises de parole et une cantine à prix libre sont prévues. 

Reste à savoir de quel côté penchera l’institution judiciaire. Saura-t-elle, une nouvelle fois, reconnaître l’urgence de la situation qui pousse des citoyen·nes ordinaires à défier la loi pour défendre un monde où justice sociale et environnementale ne font qu’une ?

*le prénom a été modifié

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