Voilà déjà 2 ans que
la campagne Carnage Total existe !
Depuis son lancement le 20 janvier 2023, ce sont plus de 250 actions qui ont été menées par les militant·es d’Extinction Rebellion dans le cadre de la campagne Carnage Total.
L’année 2024 a été marquée par une volonté de diversifier les modes d’actions. Ce sont ainsi pas moins de 90 carnages qui ont été réalisés à l’extincteur et tout autant de collages visant les soutiens financiers de la multinationale (Crédit Agricole, Société Générale, BNP, BPCE) mais aussi ses complices comme Schneider Electric, AXA ou ses partenaires chinois Sinosure et ICBC.
La campagne s’est engagée aussi plus largement dans les luttes décoloniales notamment contre le génocide en Palestine. Notre ennemi est le même : Le Capital.
Des actions symboliques aux actions plus engageantes, les objectifs de Carnage Total sont de permettre d’élargir la fenêtre d’Overton. Qu’est-ce qu’une vitre cassée face à toutes les atrocités commises par Total partout dans le monde ?
1. Une campagne qui s’étend et s’étoffe
Initialement focalisée sur le projet EACOP (East African Crude Oil Pipeline) de TotalEnergies en Ouganda et en Tanzanie, Carnage Total a élargi ses cibles pour lutter contre tous les projets fossiles. La campagne, ancrée dans une coalition interorganisationnelle (StopEACOP, Greenpeace, Scientifiques en Rébellion, Greenfaith…), reste fidèle à son mode d’action : des opérations décentralisées, massives et visuelles. La lutte contre TotalEnergies et ses projets partout dans le monde reste au cœur des combats menés par Carnage Total, mais aujourd’hui la campagne apporte également son soutien aux luttes locales et s’oppose fermement à tous nouveaux projets fossiles, ici et ailleurs.
Depuis – et malgré ! – le vote par Macron en 2017 de la loi hydrocarbures interdisant les nouveaux forages pétroliers, l’État en a en fait autorisé près de 50 ! Classés « confidentiels », bien sûr. Ainsi la campagne Carnage Total a apporté son soutien aux luttes contre les forages en Seine-et-Marne1 et en Gironde2.
2. 2024, l’année des festivités : 1 an de Carnage Total et 100 ans de TotalEnergies
Cette année, les 100 ans de TotalEnergies ont été l’occasion d’un élan de mobilisations créatives. Pas question de manquer l’occasion de lui faire sa fête !! Les 23 et 24 mars, les groupes locaux ont organisé des actions dans toute la France. Parmi elles :
- Une kermesse clownesque sur le site de la raffinerie classée SEVESO près de Nantes, pointée pour ses pollutions récurrentes et son manque de transparence (pollutions de l’air & des eaux de l’estuaire de la Loire, multiples incidents, nombreux doutes des responsables syndicaux quant à la bonne gestion du site par Total…).
- Des stations-service redécorées à Clermont-Ferrand, Grenoble, Angers et Blois.
- Mise en scène clownesque à Paris au siège de TotalEnergies à la Défense et goûter d’anniversaire devant la raffinerie de TotalEnergies au Havre.
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À Lyon, l’action s’est déroulée en deux temps : le déploiement d’une banderole au-dessus de l’autoroute à proximité de la raffinerie de Feyzin, suivi un mois plus tard d’une incursion sur le site SEVESO de la raffinerie pour y projeter de la peinture et taguer une banderole.
3. Une stratégie de harcèlement ciblé
Au cœur de la campagne en 2024, une stratégie de harcèlement continu a été déployée contre les banques complices des projets climaticides de TotalEnergies : le Crédit Agricole, la Société Générale, la BNP et BPCE. Cette approche coordonnée vise à exposer et à dénoncer publiquement leur rôle dans le financement de projets destructeurs pour le climat, tels que les projets EACOP, Mozambique LNG et Papua LNG.
Avec environ 127 actions au cours de l’année, la Société Générale a été l’une des cibles principales. Mais le Crédit Agricole n’a pas été en reste : l’agence bancaire continue de financer des projets controversés comme Mozambique LNG, malgré les risques environnementaux et sociaux associés. La BNP a quant à elle été dénoncée pour son soutien persistant à TotalEnergies, notamment via des projets de pipelines et d’extraction fossile. Et la BPCE fait désormais partie des cibles privilégiées de la campagne Carnage Total et de Stop Total pour être la seule banque à avoir participé à l’émission d’obligation de TotalEnergies en avril 2024 (4,25 milliards de $).
Ces actions ont pris diverses formes, entre projections de peinture à l’extincteur, des collages massifs devant les agences et des rassemblements visuels pour interpeller l’opinion publique et mettre en lumière leur complicité dans les projets fossiles de TotalEnergies.
Des impacts visibles sur l’image des banques
L’une des forces de la campagne Carnage Total réside dans sa capacité à nuire à la réputation des entreprises et banques complices de TotalEnergies. Chaque action, qu’il s’agisse d’extincteurs, de collages ou de performances visuelles, a permis de rendre visibles les complicités invisibles qui lient ces institutions financières aux activités climaticides de TotalEnergies. Grâce à la multiplication d’actions répétées et coordonnées de l’ensemble des organisations de la coalition dont fait partie Carnage Total, l’image de ces institutions a été ébranlée, les contraignant à répondre à une pression citoyenne croissante.
Ces actions ont également visé à fragiliser les liens économiques entre TotalEnergies et ses soutiens, en rendant ses partenariats plus coûteux sur le plan social et médiatique. En exposant les complicités invisibles, Carnage Total a transformé les banques et entreprises en cibles privilégiées de l’opprobre publique.
Même dans le cadre d’un système capitaliste, prendre l’habitude de demander des comptes à ces organismes est une bonne chose. En cela l’objectif est donc double : nous faisons du damage control (on limite la casse écologique causée par ces banques en ralentissant le robinet d’argent vers les fossiles), et on s’initie à une pratique politique de démocratie directe.
Au-delà du projet EACOP, il s’agissait également de dénoncer les autres projets climaticides de la multinationale, à savoir :
- Mozambique LNG3
C’est une véritable bombe carbone qui pourrait émettre entre 3,3 et 4,5 milliards de tonnes d’équivalent CO2 au cours de son cycle de vie, soit plus que les émissions annuelles combinées de gaz à effet de serre de l’ensemble des 27 pays de l’Union européenne.
Le Crédit Agricole et la Société Générale aident TotalEnergies à mener à bien le financement de son projet, qui en plus de son impact environnemental, risquerait de semer le chaos dans une région déjà en proie à un conflit qui s’envenime et qui a déjà causé près de 1500 morts en 2021 et des milliers de déplacé.e.s.
- Papua LNG4
Ce sont 9 puits de production dans la province du Golfe, un pipeline terrestre et maritime de 320 km, et 4 trains électriques de liquéfaction. C’est une nouvelle bombe climatique en Papouasie-Nouvelle-Guinée qui contribuerait à émettre plus de 220 millions de tonnes de CO2 (scope 3), soit autant que les émissions annuelles de l’ensemble du Bangladesh et de ses 169 millions d’habitants.
4. Visibiliser les complicités et maintenir la pression
- Sinosure
Le 26 juin dernier, Stop Total, Stop EACOP, Extinction Rebellion et Carnage Total ont installé un pipeline géant devant l’ambassade chinoise, pour encourager l’assureur chinois Sinosure à ne pas s’impliquer dans le projet EACOP avec la remise des pétitions officielles des populations impactées en Ouganda et Tanzanie à l’ambassadeur chinois.
Le projet EACOP a atteint un moment critique : Total a perdu tous ses soutiens financiers majeurs ! La multinationale se tourne donc aujourd’hui vers la Chine, son dernier soutien potentiel.
- Bolloré Energy
Le 9 décembre, une coalition d’organisations dont Extinction Rebellion et les Soulèvements de la Terre a organisé une contre-AG devant le lieu où se tenait l’assemblée générale de Vivendi, groupe dirigé par Bolloré. Bolloré, c’est un empire tentaculaire, à la fois leader des médias et acteur majeur du pétrole via le transport. Bolloré Energy c’est 13,6 milliards de chiffre d’affaires, principalement dans la logistique pétrolière - c’est-à-dire dans les dépôts de carburant, de pétrole et la distribution de fioul. En cela, nous nous joignons à l’appel à désarmer l’empire Bolloré.
- Schneider Electric
Schneider Electric est connu comme le leader mondial d’une transition “verte et inclusive”, surfant sur l’investissement durable pour financer ses projets destructeurs. En réalité, le groupe du CAC40 est l’un des principaux partenaires du projet EACOP, dans lequel il est chargé de l’électrification. Au-delà même d’EACOP, le groupe affirme gérer 80% des plus grands pipelines du monde et permettre 60% de la production mondiale de gaz naturel liquéfié. Il est plus que temps de faire connaître son investissement dans le secteur fossile et ses liens avec TotalEnergies ! Faisant suite à une première action en décembre 2022, nous nous sommes invité.es au marathon de Paris en avril et avons soutenu l’action d’intrusion dans leur siège grenoblois en novembre.
5. Réfléchir en collectif à l’après-TotalEnergies
À l’occasion du centième anniversaire de TotalEnergies, Carnage Total et Stop Total ont organisé, le lundi 25 mars aux Arches Citoyennes à Paris, la Fête à Total. Cet événement a permis de réfléchir collectivement à ce qu’est TotalEnergies, comment lutter contre la multinationale et quelles alternatives construire pour un avenir sans pétrole.
Démanteler l’acteur principal en France du capitalisme fossile demande de la réflexion collective pour demain. Nous devons penser ce monde ensemble, en intégrant celles et ceux qui seront concerné.es par un tel bouleversement, et mettre d’ores-et-déjà en pratique nos propositions.
6. Convergences des luttes et solidarités internationales
La lutte contre Total et le pétrole pose des questions bien plus larges, notamment sur les droits des travailleur·euses. Il est essentiel de s’unir, travailleur·euses et mouvements climat, face à celles et ceux qui exploitent.
Travailler en inter-orga avec des groupes comme Stop Total, StopEACOP, BDS et StopArmingIsrael permet de renforcer notre impact.
Carnage Total a ainsi mené des actions contre AXA5 en lien avec les collectifs BDS et StopArmingIsrael pour dénoncer les complicités d’AXA dans le financement d’infrastructures fossiles et le soutien aux luttes internationales, notamment en Palestine où AXA investit dans des entreprises liées au complexe militaro-industriel israélien.
7. La répression comme seule réponse
Cette année, on a pu constater une répression massive des militant·es, entre arrestations arbitraires pour des collages d’affiches, parfois préventives, violences policières lors de l’AG de TotalEnergies… L’arsenal judiciaire s’est déchainé.
L’Assemblée Générale de TotalEnergies étant devenu un rendez-vous annuel incontournable pour s’opposer aux politiques climaticides de la multinationale, les forces de l’ordre se sont elles aussi mobilisées en masse pour assurer la protection de l’assemblée générale de l’une des sociétés les plus destructrice de France et empêcher la mobilisation citoyenne. Le 24 mai dernier, les militant·es n’ont donc pas pu se mobiliser à la tour Total du fait d’une interdiction de manifester et d’une très forte présence policière faisant peser des risques de répression trop importants sur les militant.e.s. À la place, celleux-ci se sont rendu·es devant le siège d’Amundi et près de 200 personnes ont été maintenues pendant 8h dans une nasse hors de tout cadre légal, une pratique que la Cour européenne des droits de l’Homme a récemment condamnée. Après avoir fait face à la violence des agents de sécurité privé, la police a pris la relève en trainant, frappant et dégageant violemment les activistes et cela malgré la présence d’élu·es. Plus de 200 personnes ont été placées en garde-à-vue et 50 camarades ont été enfermé·e·s dans un bus pendant 3 à 7h dans des conditions humiliantes, sans accès à leurs besoins primaires (hydratation, alimentation, air frais, sanitaires).
Preuve du caractère abusif des interpellations, peu d’actions ont pour l’instant donné lieu à des procès. Le 29 novembre, une personne était convoquée pour la première action de Carnage Total - menée devant la BNP devant l’Opéra à Paris - mais le procès ne s’est pas tenu, le parquet n’ayant pas jugé bon de transmettre le dossier. Dans le même temps à Chambéry, un journaliste était condamné à payer 800 euros à des policiers pour s’être débattu lors d’une interpellation alors qu’il couvrait simplement une action Carnage. En mai, des camarades du mouvement espagnol Futuro Vegetal ont été condamné à 6 mois de prison avec sursis par la justice française pour avoir mis hors service une station service Total aux alentours de la frontière.
8. Salir ces entreprises qui salissent
Malgré les objectifs climatiques convenus et les avertissements massifs des climatologues, les gouvernements du Nord global s’entendent avec les élites qui échappent au fisc et les entreprises polluantes pour accroître l’extraction et la production de combustibles fossiles. Rien qu’en 2022, les profits de l’industrie pétrolière et gazière ont grimpé à au moins 4 000 milliards de dollars, contre une moyenne de 1 500 milliards de dollars ces dernières années. La poursuite de l’extraction et de la production dangereuses de charbon, de gaz et de pétrole est incompatible avec les engagements mondiaux visant à limiter le réchauffement à moins de 1,5 °C et à garantir une planète vivable.
Mais Patrick Pouyanné n’a cure des avis des scientifiques, opposant «la vraie vie» à leurs soporifiques et terrifiants rapports. Lui qui la connaît si bien, la vraie vie, du haut de ses 7 millions d’euros de revenus annuels !
Leurs profits sont bâtis sur la destruction du vivant, et ils ne reculeront devant rien pour les préserver. Il est donc de notre devoir d’intervenir, de bloquer, de perturber, de mettre des bâtons dans les roues de ce système mortifère.
9. À vous de jouer
Total et ses partenaires ne sauront pas où. Ils ne sauront pas quand. Mais leur belle image, nous allons la salir. Nous ne nous arrêterons pas tant qu’ils ne prendront pas leurs responsabilités.
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Revivre l’année 2024
La Fête à Total
Événement organisé à l’occasion du centième anniversaire de TotalEnergies par Carnage Total et Stop Total, le lundi 25 mars, aux Arches Citoyennes à Paris.
Une émission, dans le cadre d’Au Poste a été enregistrée en live. Trois tables-rondes et 15 invité.es se sont succédé.es pendant 3h pour échanger autour de Total à travers différents prismes.
- Podcast Avis de Tempête : http://avisdetempetepodcast.org/
- Replay de la Fête à Total sur Au Poste : https://www.auposte.fr/la-fete-a-total-pour-ses-100-ans-et-ses-crimes-climatiques/
Liquidation Total
Retours vidéos de l’action devant le siège d’Amundi lors de l’AG de TotalEnergies, le 24 mai 2024 :
Sources
Malgré son greenwashing, des enquêtes ont révélé qu’AXA assure des infrastructures d’énergies fossiles, notamment des terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL), qui alimentent la crise climatique et violent les droits humains.
AXA contribue au développement des fossiles à travers les infrastructures de gaz naturel liquéfié, alors même que les dégâts des catastrophes climatiques s’élevaient à 250 milliards en 2023 et qu’en France ~2000 communes ne sont plus protégées contre ces risques car plus rentables pour les assureurs.
Pour en savoir plus sur la complicité d’AXA dans le génocide en Palestine : BDS Movement
Pour en savoir plus sur la responsabilité d’Axa dans le réchauffement climatique : Reclaim Finance
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L’entreprise Bridge Energies est titulaire d’une concession d’exploitation du gisement courant jusqu’en 2034 à Nonville, où un seul de ses trois forages produit encore du pétrole, pour l’équivalent de 75 barils par jour. Elle a obtenu de l’Etat d’en ouvrir deux autres, d’une profondeur de 1 500 mètres, à l’issue d’une enquête publique. Eau de Paris a notamment déposé un recours en justice soutenu par six associations sur cet arrêté. Article de Reporterre ↩
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Le forage de huit puits dans la forêt de La Teste-de-Buch a reçu un avis favorable après l’enquête publique. À contre-sens de la loi de 2017, qui devait stopper l’exploitation des hydrocarbures en France d’ici 2040. Article de Reporterre ↩
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Papua LNG, c’est une nouvelle bombe climatique qui contribuera à produire entre 3,3 et 4,5 milliards de tonnes d’équivalent CO2 au cours de son cycle de vie. Cela représente plus que les émissions annuelles de gaz à effet de serre de l’ensemble des 27 pays de l’Union européenne. Le projet est suspendu depuis avril 2021 suite à la multiplication d’attaques de groupes insurgés dans la région de Cabo Delgado en Papouasie-Nouvelle-Guinée, où il est censé être développé. TotalEnergies souhaite relancer ses opérations malgré la persistance du conflit dans la zone et les risques pour la sécurité et les droits humains des populations locales. Plus d’infos sur le site de Defund TotalEnergies. ↩
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Le projet Papua LNG augmenterait à lui seul de 7% les émissions annuelles du pays liées au secteur industriel et énergétique. Il contribuerait à émettre plus de 220 millions de tonnes de CO2 (scope 3), soit autant que les émissions annuelles de l’ensemble du Bangladesh et de ses 169 millions d’habitants. Plus d’infos sur le site de Defund TotalEnergies. ↩
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Le géant multinational français de l’assurance AXA détient 150,43 millions de dollars – 78,87 millions de dollars en actions et 71,56 millions de dollars en obligations – dans onze entreprises qui arment Israël pendant son génocide à Gaza. Selon ce rapport, AXA a investi 173,62 millions de dollars dans au moins 14 fabriques d’armes, dont 134,91 millions de dollars dans 13 entreprises qui produisent des armes controversées telles que l’uranium appauvri, les armes nucléaires et le phosphore blanc.\ ↩