Dans le cadre du Procès 5G France prévu pour le 16 décembre, XR publie une série d’articles pour tenter d’en savoir plus sur cette technologie encore peu connue du grand public. D’abord nous nous sommes intéressés aux aspects techniques de la 5G, ou “NR” pour les intimes, à présent nous développons les divers enjeux de cette révolution annoncée.

L’objectif de ces articles est de partager une vision la plus objective possible du sujet, afin que chacun puisse se faire une opinion personnelle.

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Le paradoxe énergétique

Un des arguments souvent donnés en faveur de la 5G est sa supposée supériorité en matière d’économies d’énergie. En effet, sa consommation par octet transmis est 90% plus faible qu’en 4G, mais ces résultats de laboratoire sont obtenus en observant uniquement la partie transmission sur un échange de données isolé.

En situation réelle en revanche, c’est absolument l’opposé qui se produit [1], car les données transmises sont beaucoup plus importantes. Dans la pratique, les systèmes 5G demandent beaucoup plus d’énergie pour fonctionner, parce-que l’appétit numérique des consommateur est insatiable [4].

La consommation électrique d’une station de base est répartie sur plusieurs postes. Hormis les antennes de transmission, une myriade d’appareils est nécessaire au traitement des données envoyées et reçues, des appareils qui ne bénéficient pas de l’avantage technique apporté par les ondes millimétriques. L’augmentation exponentielle des flux de données passants par ces composants entraîne une hausse proportionnelle de leur consommation énergétique.

Pour les opérateurs de réseaux mobiles, la gestion énergétique est un challenge majeur [2] dans la transition vers la 5G. Dans un rapport [3] , Huawei argumente que la consommation par bit transmis est bien plus faible en 5G, mais que la consommation globale d’une station de base 5G est pourtant bien plus élevée, avec une consommation typique maximale 67% plus importante qu’en 4G.

Le rapport explique que les stations de base actuelles ne sont pas équipées d’alimentations électriques assez puissantes pour palier à la demande des nouveaux composants. Huawei estime à 3 000 $US le coût moyen de la mise à niveau du seul système d’alimentation d’une station de base pour la rendre éligible à la 5G. Cette mise à niveau implique notamment l’installation de batteries plus massives qui permettent d’absorber les pics de consommations, et servent aussi d’alimentation de secours en cas de coupure momentanée du réseau électrique.


China Unicom et China Mobile, les deux opérateurs de réseau dominants en Chine, estiment que la transition vers la 5G va multiplier par 3 leur consommation électrique [5]. Ainsi, les provinces Chinoises de Shanxi et Jiangxi ont mis en place un système de subventions sur 3 ans afin d’alléger la facture électrique des opérateurs et les encourager à poursuivre l’installation d’antennes 5G sur leur territoire [5].

Parallèlement, les centres de données de par le monde vont devoir évoluer s’ils veulent pouvoir répondre à cette demande exponentielle et tenir la cadence des temps de réponse record promis par la 5G. Ces centres de données traditionnels opèrent dès à présent une mutation vers le “edge computing”, ou traitement de proximité, pour aller s’installer au plus proche des utilisateurs et réduire les délais de réponse. C’est à une décentralisation de l’hébergement numérique que l’on assiste, synonyme d’une hausse du nombre de serveurs en opération, augmentant dans des proportions encore inconnues la consommation énergétique du secteur.

Exemple parfait de l’effet de rebond, il apparaît ici que malgré sa meilleure efficience la 5G n’entraîne pas d’économies d’énergie, mais qu’elle déclenche au contraire un redoublement de la consommation électrique des réseaux mobiles.


Sources :

  1. fiercewireless.com
  2. m.ithome.com
  3. huawei.com
  4. mobile.enterprisenetworkingplanet.com
  5. m.chinanews.com

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