Face à la menace qui pèse sur l’eau de la plus grande nappe phréatique d’Europe et sur tout le vivant de la région du Rhin Supérieur, nous, activistes d’Extinction Rebellion, avons décidé de frapper fort en matérialisant aux yeux du grand public ce qu’il pourrait advenir de l’eau qui coule tous les jours dans nos robinets.
Rendre visible la pollution que l’État cherche à dissimuler loin des regards
Afin d’exposer au grand jour la gestion désastreuse par l’État du site de Stockamine, nous avons, le 9 octobre dernier, coloré en vert l’eau de plusieurs fontaines de la ville en y déversant de la fluorescéine [1].
Source de la photo : rebdestrass
Bétonner plutôt que déstocker : après nous le déluge !
En janvier 2021, l’État a pris la décision d’enfouir, sans retour en arrière possible, les déchets toxiques entreposés depuis 1999 dans l’ancienne mine de potasse de Stockamine à Wittelsheim, directement sous la plus grande nappe phréatique d’Europe. Ces déchets se composent de 42000 tonnes de déchets toxiques de catégorie 0 (arsenic, cyanure, chrome, pesticides), d’1 tonne de déchets amiantés et résidus d’incinérations de déchets ménagers ainsi que d’une part indéterminée de déchets inconnus et probablement illégaux, car non conformes. La situation s’est encore aggravée avec un incendie qui, en 2002, a généré des déchets supplémentaires et fragilisé la mine qui s’effrite et commence à s’effondrer partiellement. De nombreuses études ont démontré que le déstockage était possible.
Photo : Stocamine
Un scandale sans gestion responsable depuis des décennies
Depuis vingt ans, des collectifs et associations comme Déstockamine ou Eau en danger, de concert avec de nombreux élus locaux, demandent le déstockage du site pour éviter les risques de contamination de la nappe phréatique. Alors que le démarrage de l’enfouissement est prévu mi-octobre, Extinction Rebellion se joint à eux et exige de l’État le déstockage de ces déchets pour protéger les 7 millions de personnes et toutes les espèces animales qui seront victimes de la pollution engendrée en Alsace, en Allemagne et en Suisse. Nous sommes convaincu.e.s que seule une pression publique importante pourra infléchir la décision de l’État.
Le lundi 11 octobre 2021, le rapporteur public de la Cour administrative d’appel a demandé l’annulation de l’arrêté qui autorise le chantier de bétonnage du site de Stocamine. Le 15 octobre, à notre plus grand soulagement, la Cour administrative d’appel annulé l’arrêt autorisant le confinement des déchets. Pour autant, la bataille est loin d’être gagnée.
Photo : Thibault Vetter
Sources :
- Fluorescéine sans danger
- En Alsace, des déchets toxiques sous la plus grande réserve d’eau potable d’Europe
- Déchets de Stocamine : en Alsace, les écologistes veulent « lutter jusqu’au bout »
- Décision gouvernementale de janvier 2021 de laisser définitivement les déchets
- Étude de faisabilité du déstockage des déchets
- Demande du rapporteur public du 11 octobre 2021
- Contestation du ministère de l’environnement