A l’appel des associations Les Amis de la Terre Savoie, ATTAC-Savoie et du mouvement Extinction Rébellion Chambéry, l’action Tousse en piste consistait à réunir les forces vives de Savoie et d’ailleurs autour du symbole ultime de l’aberration économique et écologique du territoire : l’aéroport de Chambéry Savoie Mont Blanc.

Les raisons ?

Le département propriétaire de cette infrastructure a confié la gestion au groupe Vinci en 2004 qui en a fait son fer de lance (avec celui de Grenoble, autre équipement saisonnier aussi inutile que coûteux).

Toujours bien armé d’ambitions expansionnistes, et profitant de l’incompétence des acteurs publics locaux, Vinci a progressivement raflé nombre d’aéroports, dont celui de Lyon, Notre Dame de Landes, et prochainement ADP : même pas peur !

Le mécaniste huilé est le même dans les 12 infrastructures gérées à ce jour en France : grosses subventions de fonctionnement, investissements minimum, politique salariale sauvage, opacité des résultats financiers, bénéfices redistribués aux actionnaires sans vergogne.

Le département propriétaire, en bon allié inconscient et menteur, justifie le maintien de cet aéroport qui transporterait 20% de touristes du ski.

Dans les faits, pour 200 000 personnes transitant à l’aéroport, 10 000 vont dévaler les pentes de stations en manque chronique d’or blanc. Soit 2%…

Ce financement public d’une pompe à fric inutile est scandaleux à l’heure où l’hôpital public se meurt, nous apparaît comme indécent et doit être dénoncé (au deux sens du terme : publiquement et contractuellement) sans attendre la fin de la concession (en 2029).

Symbole d’une époque disruptive engendrant ses propres monstres : Vinci, entreprise mondiale des métiers des concessions et de la construction, employant 211 000 salariés à travers le monde, organisée autour de 5 pôles de métiers (Vinci Autoroutes, Vinci Concessions, Vinci Énergies, Eurovia et Vinci Construction), présente dans 116 pays avec un chiffre d’affaires de 43 milliards d’euros en 2018. Vinci ou l’immonde métastase planétaire imprimant son béton mortifère en 3D dans notre terre en 6ème phase d’extinction, avec nos finances publiques et la bénédiction des décideurs politiques,

Deuxième aberration, caricature ailée de l’effondrement d’un mythe (Icare déchu…) : l’avion ! Rêve transformé en cauchemar absolu, businessmen pressés ou ultrariches frustré.es, vacancier.es entassé.es dans des charters, personnels aériens surexploités, infrastructures énergivores, lobbys et multinationales qui non contents de spolier les finances publiques en profitent pour bétonner à outrance et exterminer le vivant jusqu’au fond des océans.

La responsabilité de ce mode de transport dans les crises actuelles est immense et la démesure significative : le nombre moyen de vols par jour dans le monde est de 102 465 soit 1,2 avion par secondes.

L’Association Internationale du Transport Aérien (IATA) prévoit le doublement du nombre de passagers en 2037 avec 8,2 milliards de passagers.

L’aviation est en tête du classement des modes de transport les plus polluants. Pour calculer son impact climatique, les chercheurs utilisent comme ordre de grandeur les émissions de CO2 par voyageur au kilomètre. Par trajet, l’avion émet en moyenne 125 fois plus de C02 qu’une voiture individuelle, un chiffre qui monte à 1 500 pour les trains. En plus du CO2, l’avion répand également de l’ozone (O3), un gaz à effet de serre, et des cirrus (nuages de la haute atmosphère) qui ont un effet réchauffant. Aucune solution technologique existe pour l’instant pour limiter la pollution des avions.

Heureusement à Chambéry, “seulement” 200 000 personnes transitent ! Mais il faut pointer l’injustice sociale. 3ème aéroport d’affaire derrière Le Bourget et Nice, ce sont bien les ultrariches qui bénéficient de l’infrastructure, poussant le vice jusqu’à sauter immédiatement dans un hélico-taxi et rejoindre l’altiport de Courchevel .

Tout ça pour… le ski, “sport” déraisonnable poussant des millions de “touristes” dans un délire de consommation sommitale et générant (malgré eux ?) un écocide 2.0 (destruction du vivant, bétonnage des espaces de montagne, gaspillage des ressources en eau…) et des injustices sociales inhumaines (conditions de travail déplorables, exploitation, bullshit job, destruction des emplois).

Enfin, on pourrait en rire si la situation n’était pas si mal engagée. La venue de notre président, 48h avant notre action, pour déclarer dans les bureaux de l’Office Nationale de la Biodiversité le combat du siècle pour l’écologie n’a jamais sonné aussi faux !

On aurait préféré un geste courageux de taxation du transport aérien par exemple qui, comme le transport maritime, jouit d’une exonération totale.

Cruel dilemme : gazer des “dangeureux activistes” ou taxer les “pauvres compagnies aériennes “. Chacun sa vision du combat du siècle M. le président Emmanuel Macron !

Sur l’action elle-même :

Première opération de cette nature en France, 80 activistes unis ont réussi à neutraliser l’entrée principale de l’aéroport pendant près de 4h lors d’une des journées au trafic aérien les plus dense : plus de 60 avions charter.

L’action dans la continuité du briefing était stratégiquement indispensable pour bénéficier de l’effet de surprise, ayant largement annoncé notre intention de bloquer l’aéroport … nous étions de fait très attendus !

Les déplacements et la mise en place du blocage se sont très bien déroulés .

La météo favorable a permis d’organiser le blocage dans de bonnes conditions, on avait juste oublié la crème solaire .

L’intervention des forces de l’ordre (1 gendarme pour 2 activistes) n’a pas réussie à entamer notre motivation.

Il faut noter que les bloqueur.e.s, médiat.rice.eurs , médiactivistes , streetmédics, et autres activistes ont assurés leur rôle sans aucune agressivité envers les publics touchés par l’action, portant même les valises des Russes.

Les échanges verbaux avec les services de l’ordre sont restés très cordiaux voire drôles quand certain·e·s ont demandé des câlins et des bisous au CRS ^^

Le contrôle d’identité était prévisible, nous sommes repérés…

Après consensus, décision collégiale a été prise de terminer l’action sans qu’aucune poursuite ni garde à vue n’ait été engagée.

Enfin, nous avons eu la chance de nous retrouver pour un temps d’échange autour d’une collation délicieuse organisée aux abords du lac du Bourget et savourer notre fin d’action dans un moment convivial.


La suite ?

La réussite de cette opération malgré les violences subies nous encourage à essaimer et poursuivre dans les semaines et mois à venir nos actions, partout où ce sera possible et nécessaire.