Vendredi 31 octobre, Une centaine de militant·e·s prennent part à l’action Potion Toxique !
L’ACTION

Les pesticides nous empoisonnent et même l’eau est contaminée
Trois mois après la mobilisation historique contre la loi Duplomb, et après trois ans de mobilisation sans répit contre Total Energies, Extinction Rebellion organise le 31 octobre en région lyonnaise une action festive pour dénoncer les agissements d’une grande firme de l’agrochimie.
Le système agrochimique réduit la biodiversité au plus petit dénominateur commun, empoisonne les consommateurices chaque jour, pour servir l’agro-industrie et l’industrie pétrolière, deux secteurs complètement dérégulés qui nous mènent chaque jour un peu plus vers le désastre écologique et sanitaire.
En 2025, Extinction Rebellion lance des actions contre les pesticides. Trop souvent occultés par les lobbys de l’agrochimie, les pesticides sont pourtant un enjeu central de la crise écologique : ils empoisonnent les sols, l’eau et nos corps.
C’est pourquoi Extinction Rebellion interpelle à la fois l’État — garant de la protection des citoyen·ne·s — et les géants de l’agrochimie (Corteva, Gowan, BASF, Bayer-Monsanto, Syngenta), dénoncés pour leur lobbying agressif et leur responsabilité dans cet empoisonnement collectif.
UNE URGENCE ÉCOLOGIQUE ET SANITAIRE
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LE VIVANT DISPARAÎT
La terre, l’eau et l’air sont empoisonnés par les pesticides, armes de guerre chimique au service de l’agriculture productiviste.
Les premières victimes sont les insectes : sans eux, la vie terrestre est gravement menacée. Ils constituent le socle du Vivant, à l’origine de la plupart des chaînes alimentaires, contribuent à 90% de la reproduction des plantes à fleurs et pollinisent environ un tiers des cultures destinées à notre alimentation.
Enfin, ils participent au recyclage des matières organiques et à l’enrichissement des sols.
En 30 ans, la biomasse d’insectes s’est effondrée de plus de 75%, y compris dans les zones protégées1. En 2019, 41% des espèces d’insectes étaient en danger d’extinction, avec une perte annuelle de biomasse de 2,5% au niveau mondial2.
Ce déclin est encore plus marqué dans les paysages à forte proportion de terres agricoles3.
D’autres espèces pâtissent, directement à cause des pesticides ou indirectement suite à la disparition des insectes : en 15 ans, plus de 30% des oiseaux des campagnes françaises ont disparu et la moitié des espèces d’oiseaux est menacée en France4.
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LE VIVANT SOUFFRE
Les pesticides ont des effets nocifs sur la santé humaine : cancers de l’enfant et de l’adulte, troubles du développement neuropsychologique et moteur de l’enfant, troubles cognitifs et anxio-dépressifs de l’adulte, maladies neurodégénératives, endométriose et pathologies respiratoires ainsi que thyroïdiennes5.
La liste est longue et devrait inquiéter les pouvoirs publics. Les professionnel·le·s et les riverain·e·s des zones agricoles traitées sont en première ligne mais la population générale est également menacée. Pourtant, chaque jour, nous absorbons des pesticides, en respirant, dans l’eau et l’alimentation.
L’EMPOISONNEMENT GÉNÉRALISÉ DE L’EAU EN FRANCE
Les pouvoirs publics clament : “L’eau du robinet est l’un des aliments les plus contrôlés en France.”6 MENSONGE !
Ainsi des dizaines de métabolites de pesticides échappent à toute surveillance et ne font l’objet d’aucune recherche, ni dans les nappes phréatiques, ni dans l’eau du robinet7.
Par ailleurs, les contrôles effectués sur les pesticides surveillés montrent que plus de 25% de la population a été alimentée par une eau NON conforme au regard des pesticides en 2023. La situation s’est considérablement dégradée en 10 ans8.
Un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales de novembre 2024 insiste sur l’état de grande dégradation des eaux brutes dans plusieurs départements, avec des pics de contamination dans les zones de cultures intensives, et pointent la “détection généralisée de pesticides dans les eaux distribuées”9.
Les six agences de l’eau, organismes gouvernementaux dépendant de 2 ministères : finance et écologie, définissent la politique de l’eau et financent la mise en œuvre.
Selon elles, leur mission principale est “la reconquête de la qualité de l’eau”10.
Alors, qu’attendent-elles pour se mettre à l’œuvre et garantir une eau saine pour la population et les écosystèmes ?
AGROCHIMIE COUPABLE, ÉTAT COMPLICE
Le 3 septembre 2025, la Cour administrative d’appel de Paris a jugé que les évaluations des produits pesticides conduites par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (l’Anses), sont lacunaires en ne prenant pas en compte toutes les données scientifiques disponibles. La Cour demande à l’Anses de rectifier ces évaluations en prenant en compte toutes les données, dans un délai de 24 mois.
Le préjudice écologique résultant de l’utilisation massive de pesticides en France est reconnu.
La Cour reconnaît également que “les carences de l’État dans l’évaluation des risques […] ont nécessairement eu pour effet de contribuer à son aggravation.»11
Alors, maintenant, que compte faire l’État : frauder ou dépolluer ?
NOS REVENDICATIONS
1/ Que l’eau potable soit considérée comme une priorité nationale absolue,
… et que tous les moyens humains et financiers nécessaires soient immédiatement mis en œuvre pour garantir à toute la population française une eau potable au robinet sans substances toxiques.
2/ Que les responsables de cette pollution, en l’occurrence Corteva, Gowan, BASF, Bayer-Monsanto, Syngenta, soient tenus responsables financièrement de la dépollution
… et que celle-ci soit mise en œuvre immédiatement sous peine d’amende, et de façon transparente.
3/ Que BASF soit mise en demeure de respecter ses obligations légales
… concernant la fabrication, le stockage et l’exportation des produits contenant des substances interdites par la loi.
4/ La mise en place d’une plateforme citoyenne de recueil d’informations liées aux pathologies identifiées
… comme pouvant être en lien avec l’usage des pesticides, afin de faciliter l’action judiciaire collective.
5/ Une transition écologique ambitieuse maintenant,
… notamment pour l’agriculture, avec l’arrêt de l’artificialisation des sols et la régulation des secteurs de l’agro-industrie et de la pétrochimie.

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Hallmann CA, Sorg M, Jongejans E, Siepel H, Hofland N, Schwan H, et al. (2017) ↩
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Francisco Sánchez-Bayo, Kris A.G. Wyckhuys, « Worldwide decline of the entomofauna : A review of its drivers ». Biological Conservation, Volume 232, April 2019 ↩
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Seibold, S., Gossner, M. M., Simons, N. K., Blüthgen, N., Ambarl, D., Ammer, C., Bauhus, J., Fischer, M., Habel, C. & other authors. (2019). Arthropod decline in grasslands and forests is associated with drivers at landscape level. Nature 574, 1–34. Springer US ↩
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CNRS et MNHN mars 2018, UICN liste rouge des espèces menacées en France ↩
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Inserm. Pesticides et effets sur la santé : Nouvelles données. Collection Expertise collective. Montrouge : EDP Sciences, 2021 ↩
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Article paru sur sante.gouv.fr sur la qualité de l’eau potable (Mis À Jour le 23/12/2024) ↩
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Article du journal Le Monde du 15 octobre 2024 : “Eau potable : des dizaines de métabolites de pesticides échappent à toute surveillance” ↩
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Document au format .pdf paru sur sante.gouv.fr : “La qualité de l’eau du robinet en France” ↩
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[Article paru sur igas.gouv.fr : “Prévenir et maîtriser les risques liés à la présence de pesticides et de leurs métabolites dans l’eau destinée à la consommation humaine”](https://www.igas.gouv.fr/prevenir-et-maitriser-les-risques-lies-la-presence-de-pesticides-et-de-leurs-metabolites-dans-leau-destinee-la-consommation-humaine ↩
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Article paru sur paris.cour-administrative-appel.fr : “La Cour reconnaît la responsabilité de l’Etat dans l’existence d’un préjudice écologique résultant de l’usage des produits phytopharmaceutiques “ ↩