(Cet article est le deuxième d’une série de quatre articles, accessibles ici)
Pourquoi une dotation inconditionnelle d’autonomie ?
La DIA permet de rompre avec l’insécurité et les peurs, du chômage, de l’autre, de l’étranger, dont se nourrit le capitalisme pour mieux nous exploiter, annihiler toute révolte et empêcher les débats de fond. Ces peurs encouragent les comportements individualistes alors que nous avons besoin de solidarité et d’entraide. Le couple DIA/RMA garantit dignité et sérénité et permet à chaque citoyen de retrouver confiance et d’envisager des comportements moins contraints et des habitudes de vie plus sereines.
La Dotation Inconditionnelle d’autonomie (DIA) permet de sortir de la logique de survie et apporte de la sérénité. Par ailleurs le travail devient une activité volontaire et épanouissante. Aujourd’hui trop souvent le travail qui signifie étymologiquement souffrance, entraîne compétition, menace du chômage, stress, perte de sens quand il n’est pas carrément néfaste pour la société. La DIA permet l’émergence d’activités non marchandes : associatives, familiales, culturelles, politiques, etc. Et elle met fin au chômage en tant que problème économique et social. Les travaux pénibles mais nécessaires sont soit valorisés soit partagés en fonction des capacités physiques de chacun.
La DIA met également fin à la notion de retraite car elle est versée de la naissance à la mort. Elle rompt le cycle infernal qui consiste à passer sa vie à produire des choses inutiles pour les vendre à des gens qui n’en ont pas besoin. Elle est un chemin de sortie de la société croissanciste, productiviste et consumériste où l’on vit pour consommer. Le but du capitalisme est de tout faire rentrer dans son domaine marchand : santé, éducation, vivant.
La gratuité proposée par la DIA s’équilibre par le renchérissement du mésusage. C’est l’endettement qui soutient notre système économique qui a besoin de croissance pour payer les intérêts. Nous assistons à des cycles : crise - relance - endettement - recrise. Ces cycles aggravent l’empreinte écologique. Le système est voué à l’échec car il est fondé sur la croyance en une croissance infinie. Pour mettre en place le couple DIA/RMA, il faudra taxer les transactions financières, réserver la création monétaire aux banques publiques, créer des monnaies locales, relocaliser l’économie.
Vivre simplement pour que d’autres puissent simplement vivre
Gandhi
Relocaliser ne signifie pas réindustrialiser la France ou instaurer des barrières protectionnistes.
Il s’agit de questionner localement et collectivement quoi produire, comment et pourquoi. C’est la relocalisation ouverte qui met en avant la solidarité, le partage, l’hospitalité et l’ouverture vers l’autre. C’est tout sauf un repli identitaire. Les objecteurs de croissance sont pour la libre circulation des personnes, des cultures, des savoir-faire et des expériences.
La relocalisation ouverte est à la fois une prise de conscience de l’environnement naturel et humain et une réappropriation de nos choix de vie. La DIA peut soutenir les alternatives locales : jardins partagés, ateliers autogérés, habitats partagés, etc. en étant versée en monnaie locale et en incluant des services issus des alternatives locales. La DIA peut permettre de développer l’autonomie alimentaire, énergétique et matérielle au niveau municipal ou intercommunal. Relocaliser c’est aussi remettre en cause l’étalement urbain, sortir de la société de l’automobile, rééquilibrer villes et campagnes. Se réapproprier la démocratie : : La démocratie est la capacité à se conformer à des règles et des lois qu’on s’est soi- même données. C’est tout le contraire d’une obéissance à des lois extérieures imposées.
Une société démocratique est une société où chaque citoyen est capable d’être dirigé et d’être dirigeant
Cornelius Castoriadis
La démocratie est une pratique quotidienne, une culture qui passe par une refonte de notre système éducatif qui devrait former des citoyens autonomes et non des consommateurs-travailleurs dociles. L’expert ou « homme providentiel »est remis en cause. L’expert n’est pas là pour décider à la place du citoyen mais pour éclairer de manière contradictoire les débats. La DIA rend à l’individu son autonomie et lui permet de se réapproprier son choix de vie. Elle apporte une solution au chômage, favorise le partage du travail, valorise les activités non marchandes et remet en cause le monopole du salariat comme source d’intégration et de reconnaissance sociale. Elle permet une émancipation individuelle et collective favorable à une démocratie réelle, ouverte et participative.
Les partis politiques actuels sont tous au service du dogme de la croissance.
Les hommes politiques sont des professionnels de la vie politique. Participer à la vie politique prend énormément de temps ce qui exclut nombre de citoyens de l’action politique. Avec la DIA il devient possible de participer à la prise de décision politique. La DIA permet de passer d’une démocratique représentative à une démocratie participative : referendum, délibération citoyenne, jurys citoyens, démocratie directe, prise de décision au consensus, forum, etc.
Dans une société de décroissance, une décision démocratique est prise par celles et ceux qui en subiront les conséquences et les activités économiques, productives et politiques sont relocalisées. De ce fait, les institutions locales, régionales, nationales, européennes et mondiales sont remises en cause et transformées pour devenir plus justes et démocratiques. Pour une Europe des peuples, par les peuples, pour les peuples.
La DIA est un outil pour amorcer la construction d’une autre Europe.
L’Europe actuelle est construite sur le dogme de la croissance et est au service de l’oligarchie financière. Elle est aujourd’hui dans l’impasse comme la croissance. Des pays sont au bord de l’explosion et des tensions s’exacerbent entre les populations. La DIA au niveau européen et la logique de relocalisation ouverte sont des facteurs de paix et permettent une transition vers des autonomies locales fortes.
Il y a assez de tout dans le monde pour satisfaire aux besoin de l’homme, mais pas assez pour assouvir son avidité
Gandhi
Les pays occidentaux représentent 20% de la population et consomment 87% des ressources mondiales. Leur politique extérieure est dictée par des impératifs économiques.
D’autre pays s’engagent dans l’impasse capitaliste. C’est aux occidentaux de montrer l’exemple avec la décroissance pour sortir de cette course folle qui ne peut mener qu’à la 3ème guerre mondiale. La DIA, si elle est étendu au delà de nos frontières, permet de rompre avec la logique guerrière du capitalisme.
La DIA est un facteur d’émancipation, favorise l’autonomie sociale et financière tout en réduisant les inégalités grâce au RMA et en permettant un égal accès aux biens et services fondamentaux. Elle libère des lobbies, de l’oligarchie, du travail contraint, de la peur du lendemain, de la peur de l’autre. Elle permet aussi de réduire notre empreinte écologique en offrant un mode de vie digne mais frugal. Elle désaliène du cycle infernal : «travaille, emprunte, consomme, rembourse, travaille.»