Ni de gauche, ni de droite, mais bien réac.

đŸ€ Ce texte est issu d’un travail collectif entre des membres des collectifs l’AG Antifa Paris 20e, Extinction Rebellion, DĂ©sert’Heureuxses, le Mouton NumĂ©rique, la SAMBA (Section Antifasciste Montreuil Bagnolet et Alentours), Soin Collectif Île-de-France, Technopolice Paris Banlieue, Voix DĂ©terres 
 et des allié·e·s d’autres horizons.

🔗 Publication initiale sur mouton-numerique.org

Le Mouton Numérique

À l’heure oĂč les idĂ©es d’extrĂȘme-droite et rĂ©actionnaires1 sont de plus en plus rĂ©pandues, il est important de savoir avec qui nous pouvons lutter, et avec qui nous ne voulons ni ne pouvons nous organiser. Cela passe par de la veille, de la sensibilisation et des actions contre les projets rĂ©actionnaires et ennemis de l’émancipation de toutes et tous, dont Anti-Tech Resistance fait partie.

FondĂ© en 2022 Ă  Rennes par des anciens membres de Deep Green Resistance2, ATR est un groupe qui se prĂ©sente comme un mouvement rĂ©volutionnaire qui a pour objectif de dĂ©manteler le systĂšme technologique au nom d’une «écologie radicale anti-industrialiste» en diffusant en France les idĂ©es de Theodore Kaczynski, un ancien universitaire Ă©tatsunien ayant perpĂ©trĂ© des attentats meurtriers Ă  la bombe ciblĂ©s pendant 17 ans3.

Ces derniers temps, le collectif a bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une certaine visibilitĂ©4 : par l’organisation d’actions comme le contre-sommet de l’IA et l’interruption en fanfare d’un contre-sommet concurrent en fĂ©vrier 2025 ; par sa maĂźtrise des outils de communication, particuliĂšrement sur les rĂ©seaux sociaux oĂč le collectif a su trouver une audience ; par sa prĂ©sence grandissante et envahissante dans nos rĂ©unions et nos Ă©vĂ©nements, oĂč il vient recruter et dĂ©fendre sa position technocritique5 soi-disant radicale6.

Par son horizon politique qui se reflĂšte dans ses modes d’action, ATR s’oppose Ă  la pluralitĂ© des existences et la variĂ©tĂ© de collectifs et de stratĂ©gies de lutte qu’elle crĂ©e, au nom d’une « efficacitĂ© » creuse. De plus, il alimente le confusionnisme qui arme l’extrĂȘme-droite. Ainsi, ce texte a pour objectif d’expliciter ce qui pose problĂšme dans le projet portĂ© par le collectif7.


1. Un collectif qui puise ses influences dans le (tré)fonds réactionnaire

ATR entretient une proximitĂ© tant idĂ©ologique qu’organisationnelle avec des figures et collectifs dont les intĂ©rĂȘts et positions sont radicalement incompatibles avec l’émancipation de tousxtes. Cette proximitĂ©, qui se traduit par la mise en avant sur leur site et leur blog de ces personnes, par la complaisance ou par le soutien affirmĂ©, participe Ă  la lĂ©gitimation de figures politiques, ou de concepts utilisĂ©s par des groupes sexistes, islamophobes, antisĂ©mites, validistes et transphobes.

Ici, l’encombrante figure de Theodore Kaczynski, omniprĂ©sente sur le blog d’ATR, avec une centaine de citations, est primordiale. Celui-ci a notamment dĂ©fendu une vision de la rĂ©volution qui se ferait non seulement sans, mais contre «les gauchistes»8 et les mouvements antiracistes qu’il juge comme racialistes9. De plus, il a aussi promu la primautĂ© de la famille dans l’éducation sexuelle10, le recours Ă  la violence comme mĂ©thode d’éducation11 et exprimĂ© sa fascination pour les rĂ©gimes autoritaires12.

Parmi les autres influences les plus citĂ©es et alliĂ©es de leurs Ă©vĂ©nements, on trouve par exemple Renaud Garcia, prĂ©sentĂ© comme un « penseur anarchiste contemporain », pourtant rĂ©putĂ© pour ses prises de positions anti-trans13 ou encore le collectif PiĂšces et Mains d’ƒuvre, groupe antiqueer, islamophobe et sexiste14 ou encore Floraisons, mĂ©dia rĂ©solument transphobe Ă  qui il emprunte sa « culture de rĂ©sistance »15. Non content de citer les anti-« wokistes » d’hier et d’aujourd’hui, ATR les convie Ă  leurs tables. Ainsi le journal La DĂ©croissance est invitĂ© Ă  l’AssemblĂ©e Anti-Industrielle Parisienne (AGAIP) initiĂ©e par ATR le 17 janvier 2025 et Ă  son « Contre-sommet de l’IA » du 8 fĂ©vrier 2025, Ă  tenir un stand et Ă  y intervenir. Or, il n’est plus permis de douter du tournant rĂ©actionnaire, islamophobe et transphobe du journal16.

De plus, ils entretiennent une porositĂ© indubitable avec un langage et des concepts rĂ©actionnaires. C’est ainsi qu’ils ont participĂ© Ă  la publication d’un tract reprenant la rhĂ©torique du « grand remplacement »17 : « Se soumettre Ă  l’IA, c’est perdre sa capacitĂ© en tant qu’humain Ă  rĂ©flĂ©chir et crĂ©er sans l’aide d’un ordinateur. C’est accepter le grand remplacement des humains par la machine, par la perte des milliers d’emplois que va causer le dĂ©veloppement de l’IA »18. Une reprise rhĂ©torique (sans guillemets ni dĂ©tournement) qui lĂ©gitime de fait un concept issu de la plus identitaire des extrĂȘmes droites. On pourrait aussi interroger le dĂ©tournement du #redpill employĂ© par les masculinistes, en #tedpill, en rĂ©fĂ©rence Ă  « Ted » Kaczynski19 ou le recours Ă  des traductions d’extrĂȘme droite de l’auteur20.

ATR n’emprunte pas qu’aux rĂ©actionnaires et revendique de « piocher des idĂ©es chez d’autres quand celles-ci peuvent servir Ă  la lutte antitech »21. Il ne faut toutefois pas se tromper : ces emprunts sont opportunistes et sĂ©lectifs et tendent au confusionnisme22, technique rhĂ©torique dĂ©jĂ  prĂ©sente chez Theodore Kaczynski23. Il en va ainsi de l’anarchisme, mouvement auquel ATR dĂ©die un dossier entier sur son blog24 mais qui rĂ©ussit le tour de force d’expliquer sa proximitĂ© idĂ©ologique avec ce courant au travers de ses auteurs diffusant les idĂ©es les plus discriminatoires – Pierre-Joseph Proudhon25 ou Renaud Garcia – sans qu’à aucun moment leurs positions oppressives ne soient mĂȘme abordĂ©es. De plus, alors que les questions de l’éthique, d’une culture collective de la libertĂ© et la lutte conjointe et nĂ©cessaire contre l’ensemble des dominations sont centrales chez les anarchistes, ATR ne retient que certaines consĂ©quences de ces pensĂ©es : la lutte contre l’État et la nĂ©cessitĂ© rĂ©volutionnaire.

Plus globalement, le choix de rĂ©fĂ©rences exclusivement masculines s’accompagne d’une absence totale de prise en compte des savoirs issus notamment des luttes fĂ©ministes, antiracistes ou dĂ©validistes. Les auteurs citĂ©s partagent pour la plupart une vision homogĂšne, blanche, valide et viriliste, dont les angles morts rĂ©vĂšlent une absence d’approche intersectionnelle.

Si on ne compte plus les attaques contre les « gauchistes » et les « progressistes », on peut constater que le collectif s’appuie sur ces autres luttes. La stratĂ©gie d’ATR de disqualifier systĂ©matiquement les autres collectifs Ă©cologistes et technocritiques a pour objectif de recruter des membres en se prĂ©sentant comme la seule alternative. Elle a surtout pour consĂ©quence de parasiter les collectifs qui tentent de conjuguer une lutte efficace contre le techno-capitalisme avec la construction d’une sociĂ©tĂ© juste et Ă©galitaire.

Cela a Ă©tĂ© le cas pour les SoulĂšvements de la Terre (SDT). AprĂšs avoir tentĂ© Ă  plusieurs reprises de recruter dans des groupes locaux des SDT, ATR a publiĂ© sur son blog pas moins de trois articles critiquant durement tant le positionnement politique du collectif Ă©cologiste que ses stratĂ©gies de luttes. Ce dĂ©saccord stratĂ©gique n’a pas empĂȘchĂ© ATR d’organiser ou de participer Ă  des actions inspirĂ©es des stratĂ©gies promues par les SDT26.

ATR met Ă©galement en place des stratĂ©gies d’entrisme et de noyautage, jusqu’à la prise de contrĂŽle de groupes locaux. C’est ce qui est arrivĂ© Ă  Extinction Rebellion (XR), dont le groupe local rennais est aujourd’hui contrĂŽlĂ© par des membres d’ATR et n’a plus de liens avec le reste du mouvement27. Cela leur permet de revendiquer en tant qu’Extinction Rebellion des actions qu’Anti-Tech Resistance entend mener et de prĂ©senter comme porte-parole d’XR des personnes inconnues du mouvement. Cette manƓuvre – observĂ©e et combattue notamment autour du Sommet de l’IA dĂ©but 2025 – vise Ă  faire croire qu’ATR agit au sein d’une coalition28.


2. Un objectif unique fondé sur une vision essentialiste de la technique

Pour ATR, la technologie post-industrielle est la racine de tous les maux contemporains et toute autre lutte ne fait que retarder la rĂ©volution anti-tech. Dans la droite lignĂ©e de Theodore Kaczynski, le collectif Ă©tablit comme Ă©vidente et nĂ©cessaire une stratĂ©gie Ă  but unique : le dĂ©mantĂšlement du systĂšme techno-industriel. Les personnes subissant le capitalisme, le patriarcat, le racisme, l’homophobie ou la transphobie devraient donc attendre le dĂ©mantĂšlement de ce systĂšme pour lutter contre les systĂšmes de domination29.

ATR admet sans dĂ©tour qu’il « ne milite pas (
) pour des causes progressistes (fĂ©minisme, antiracisme, luttes LGBT, animalisme, Ă©cologisme, etc.) »30. D’aprĂšs le collectif, la multiplication des cibles entraĂźne une dilution de l’impact des actions collectives et une couverture nĂ©cessairement incomplĂšte des sujets traitĂ©s : « les luttes sociales accentuent la rĂ©silience du systĂšme technologique »31. La rĂ©fĂ©rence Ă  la figure de Theodore Kaczynski permet ici d’éclairer son instrumentalisation des luttes Ă©mancipatrices Ă  des fins stratĂ©giques : « Le vĂ©ritable mouvement anti-tech rejette toute forme de racisme ou d’ethnocentrisme. Absolument pas par “tolĂ©rance”, “pluralisme”, “multiculturalisme”, â€œĂ©galitĂ©â€ ou “justice sociale”. Le rejet du racisme est – purement et simplement – un impĂ©ratif stratĂ©gique »32. Ça a le mĂ©rite d’ĂȘtre clair : pour le collectif, « les Ă©motions ou la morale ne doivent en aucun cas interfĂ©rer avec la rĂ©alisation de notre objectif » et leur « seule Ă©thique est celle de l’efficacitĂ© et du rĂ©sultat »33. Pourtant de nombreux collectifs parviennent Ă  allier une position anti-industrielle, une attention Ă  l’intersectionnalitĂ© des luttes, l’horizontalitĂ© et aux attaques concrĂštes (sabotages, blocages, mobilisation
)34.

Chez ATR, la technologie est vue comme intrinsĂšquement mauvaise, corruptrice et dotĂ©e d’une volontĂ© propre, telle un « systĂšme indivisible et auto-entretenu »35. Pour le collectif, le mal n’est pas dans les usages sociaux ou les conditions de production et d’exploitation des technologies, mais dans la nature mĂȘme des choses (ici, la technologie). C’est ainsi que, dans le discours d’ATR, la « Technologie » devient le fer de lance du monde artificiel qui « dĂ©truit la vie ». La radicalitĂ© Ă©cologique et la technocritique ne peuvent se construire sur le rejet de la complexitĂ©. L’approche d’ATR exclut toute rĂ©flexion dĂ©mocratique sur les choix technologiques et industriels. Refusant de confronter les diffĂ©rentes options, le collectif prĂ©tend imposer un modĂšle unique sans dĂ©bat ni consentement collectif, ce qui traduit une dĂ©rive autoritaire. ATR n’a qu’un objectif parce que sa vision du monde est binaire : les choses y sont, soit naturelles et fondamentalement bonnes, soit artificielles et donc nĂ©cessairement nĂ©fastes.

Les technologies sont extraites des rĂ©alitĂ©s sociales et dĂ©posĂ©es loin, trĂšs loin des enjeux politiques. C’est ainsi que tout se vaut, et qu’aucune distinction n’est faite entre les partis xĂ©nophobes carbofascisants, comme le RN, et les partis se revendiquant de la gauche Ă©cologiste parlementaire : il n’est que question d’ĂȘtre ou ne pas ĂȘtre de l’unique « parti technologiste »36. Cela a pour consĂ©quence une dynamique de persĂ©cution Ă  outrance du collectif : c’est « eux contre le systĂšme », « eux contre tout le monde ».

ATR – en tant que collectif et sans prĂ©juger des orientations de ses membres pris individuellement – n’est pas seulement poreux aux idĂ©es et personnes rĂ©actionnaires : son projet idĂ©ologique est rĂ©actionnaire en tant que tel et vecteur, selon nous, d’une fascisation de l’écologie. En effet, non content de vĂ©hiculer une approche essentialiste de la technique37, ATR l’appuie sur une vision essentialiste de « la Nature »38.

ATR rejette ainsi toute dĂ©marche de compromis Ă©thique ou de sĂ©lection dĂ©mocratique des technologies. Le prisme apocalyptique crĂ©e un paradoxe : toute proposition, aussi immorale soit-elle, peut apparaĂźtre comme lĂ©gitime face Ă  l’urgence perçue. En rejetant en bloc la sociĂ©tĂ© industrielle, le mouvement laisse la porte ouverte Ă  des idĂ©es autoritaires ou rĂ©trogrades, justifiĂ©es par la prĂ©tendue nĂ©cessitĂ© de sauver l’humanitĂ© Ă  tout prix.


3. Une pente (trĂšs) glissante

La « Nature » d’ATR apparaĂźt comme une entitĂ© idĂ©alisĂ©e qui justifie tout positionnement idĂ©ologique : toute notion ou idĂ©e Ă©tablie comme « naturelle » devient Ă  dĂ©fendre39. Sinon elle relĂšve de l’artificiel et est Ă  anĂ©antir. Cet antagonisme entre la nature et l’artificiel devient alors un artifice rhĂ©torique pour lĂ©gitimer des positions Ă  moindres frais, en plus d’ĂȘtre un terreau de choix pour les idĂ©es rĂ©actionnaires. Ici aussi, ATR dĂ©ploie la vision politique de Theodore Kaczynski : une pensĂ©e conservatrice d’essentialisation de « la Nature » (avec le recours Ă  la notion de « Nature sauvage »40 et de « peuple primitif »41, sans aucune distance avec ses prises de position natalistes42 et eugĂ©niste43. La valorisation par ATR d’un « retour Ă  la Nature sauvage », idĂ©alisĂ©e, prend racine dans une vision colonialiste44.

Les courants rĂ©actionnaires ont de fait pour habitude de qualifier de « contre-nature » les pratiques s’écartant de leur norme sociale comme l’homosexualitĂ© ou la contraception. C’est le cas du collectif qui en vient Ă  promouvoir la famille nuclĂ©aire45, l’érigeant comme seul rempart communautaire face Ă  l’atomisation des individus par le capitalisme. Rappelons que la famille nuclĂ©aire fait partie des structures qui soutiennent et reproduisent le systĂšme hĂ©tĂ©rosexuel patriarcal. En faire sa promotion sans discussion c’est lĂ©gitimer les violences qui en dĂ©coulent (physiques, sexuelles, psychologiques). De plus, la critique de l’artificiel engendre un validisme illustrĂ© par la promotion du corps idĂ©al, celui du guerrier ou de la guerriĂšre viril·es46. Sans renier une critique lĂ©gitime de l’industrie mĂ©dicale, on ne peut que craindre l’abandon des personnes usagĂšres de techniques mĂ©dicales lors de la rĂ©volution anti-industrielle qui se veut sans concession47. Le programme d’ATR reste volontairement flou voire silencieux sur des questions essentielles telles que la santĂ© sexuelle, la contraception et toutes les autres questions de santĂ© aujourd’hui adressĂ©es par une intervention industrielle.

Loin de se contenter d’une distance passive vis-Ă -vis du fĂ©minisme, de l’antiracisme, des luttes LGBTQIA+, ou de l’écologie, ATR les pointe comme ses adversaires politiques, complices de l’écocide en cours. Les militant·es de ces luttes « sont les idiots utiles de l’expansion industrielle, les gardiens de l’écologiquement correct, les agents de la technocratie en milieu militant, bref, les complices de l’écocide »48. Iels seraient mĂȘme les responsables directes de ce dernier : « l’inextinguible promesse progressiste est une incitation Ă  poursuivre dans la mĂȘme voie, avec pour horizon l’artificialisation – donc l’annihilation – de l’humanitĂ© elle-mĂȘme »49.

On ne peut pas s’insurger contre les « progressistes » et les « gauchistes » Ă  longueur de blog et prĂ©tendre porter un projet dĂ©mocratique de justice sociale. En prĂŽnant la destruction du « systĂšme technologique », tout en rejetant l’idĂ©e mĂȘme de rĂ©volution progressiste, ATR s’inscrit dans une logique rĂ©actionnaire effondriste50, similaire Ă  celle de certains primitivistes51, survivalistes52 ou Ă©cologistes d’extrĂȘme droite53. Pourtant le collectif se considĂšre comme un collectif de « rĂ©sistants » tant au capitalisme industriel, qu’au « techno-fascisme »54. Se pose alors la question de savoir quel fascisme55 combat ATR.

Quand ATR dit se lever contre le fascisme, il semble que le collectif ne considĂšre que l’autoritarisme, le totalitarisme et la surveillance gĂ©nĂ©ralisĂ©e56. Ce cadre d’analyse occulte une des dynamiques majeures de la fascisation et de l’instauration des rĂ©gimes fascistes, Ă  savoir celle de la racisation et la dĂ©shumanisation des minoritĂ©s opprimĂ©es, et leur minorisation jusqu’à la lĂ©gitimation de leur Ă©radication, symbolique puis physique.

Les enjeux majeurs de l’époque contemporaine ne peuvent pas ĂȘtre compris comme Ă©tant seulement « l’écologie, la dĂ©mocratie et la libertĂ© »57. Les mouvements pour l’émancipation doivent lutter contre le dĂ©veloppement et le renforcement d’une internationale fasciste et suprĂ©maciste blanche58 : le racisme, le masculinisme et le colonialisme sont centraux dans la fascisation actuelle.

ATR ne peut prĂ©tendre ĂȘtre contre le fascisme en ayant comme programme le rejet du clivage gauche/droite et du « [rassemblement d]es peuples au-delĂ  de tous les clivages politiques, religieux, gĂ©ographiques et identitaires »59, qui rĂ©sonne tristement comme un Ă©cho avec la « rĂ©conciliation de la nation » par la « collaboration des classes » qu’avaient voulus les fascistes italiens60. En contexte strictement français et actuel, ATR, qui s’associe objectivement avec des groupes islamophobes, ne saurait ĂȘtre des allié·es antifascistes quand le fascisme français actuel se construit principalement autour de la volontĂ© d’épuration des mulsuman·es (ou assigné·es comme tel·les).


Conclusion

En dĂ©cidant d’afficher et de lutter contre celleux qu’ATR considĂšre des « technocollabos » – les « gauchistes » et les « progressistes »61 –, ATR s’inscrit dans une dynamique d’avant garde autoritaire qui participe aux dynamiques de fascisation de l’écologie et maintient la technocritique dans le giron rĂ©actionnaire.

La stratĂ©gie de but unique d’ATR l’empĂȘche de penser, entre autres, la race, le genre, la classe notamment comme des constructions sociales maintenues par des politiques d’oppression systĂ©matiques. C’est pour nous un point d’irrĂ©conciliabilitĂ© politique.

Le « combat » d’ATR n’offre aucune perspective politique et seulement un purisme militant rĂ©actionnaire. Face Ă  leur dĂ©fense impĂ©rieuse de « la Vie » et de « la Nature » contre « la Technologie », il faut se demander quels espaces et quelles formes de vie ATR est prĂȘt Ă  sacrifier.

Face Ă  ATR, nous l’affirmons encore une fois : les technocrates ne sont pas nos seuls ennemis. Il faut Ă©videmment prendre trĂšs au sĂ©rieux la lutte contre les technologies fascistes et Ă©cocidaires. Mais il faut aussi lutter contre la fascisation de l’écologie en renforçant les liens entre les luttes Ă©cologistes et technocritiques, et toutes les autres luttes pour l’émancipation de tou⋅tes.


Sources et notes
  1. Le terme rĂ©actionnaire dĂ©signe une personne, une idĂ©e ou un mouvement opposĂ© Ă  l’émancipation des personnes opprimĂ©es et qui souhaite revenir Ă  un Ă©tat antĂ©rieur de la sociĂ©tĂ©, souvent idĂ©alisĂ©, notamment un ordre patriarcal, blanc, religieux, colonial et bourgeois. Les idĂ©es rĂ©actionnaires ne signifient pas simplement ĂȘtre conservatrices – vouloir prĂ©server l’ordre Ă©tabli – mais Ă©galement vouloir revenir Ă  un ordre ancien plus puissant que l’ordre Ă©tabli. Les idĂ©es rĂ©actionnaires s’opposent aux luttes contre les oppressions systĂ©miques et pour le droit Ă  la dignitĂ© de tousxtes. 

  2. Originaire des États-Unis, ce mouvement se revendique de la lignĂ©e des anarchistes naturiens malgrĂ© des positions considĂ©rĂ©es comme incompatibles avec l’anarchisme par ses contemporain·es (entre autres, sa transphobie assumĂ©e). Son introduction en France remonte Ă  2016, via des personnes aujourd’hui « cadres » au sein d’ATR. Voir ici, lĂ , et là 

  3. Bien qu’il a exprimĂ© des regrets vis-Ă -vis de ces attaques, c’est grĂące Ă  ses actes meurtriers que Theodore Kaczynski obtient en 1995 la publication par la presse de ses Ă©crits anti-industriels – Anti-Tech Revolution : Why and how_*, en Ă©change de l’arrĂȘt des attentats ayant tuĂ© 3 personnes. Si ATR ne se revendique pas de la violence armĂ©e et se distancie de ces attaques, Kaczynski reste la premiĂšre rĂ©fĂ©rence citĂ©e par le collectif sur son site. 

  4. Durant l’écriture de ce texte, des sections d’ATR Ă  Nantes, Grenoble et Lyon ont Ă©tĂ© créées. 

  5. Voir ici 

  6. Une Ă©cologie radicale est une Ă©cologie qui s’attaque aux racines des causes de la destruction dĂ©libĂ©rĂ©e des conditions d’existence sur Terre (capitalisme, colonisation, patriarcat
). Pour approfondir, voir : Cara New Daggett, PĂ©tromasculinitĂ©. Du mythe fossile patriarcal aux systĂšmes Ă©nergĂ©tiques fĂ©ministes, trad. ClĂ©ment AmĂ©zieux, Wildproject, 2017 ; Malcom Ferdinand, Une Ă©cologie dĂ©coloniale. Penser l’écologie depuis le monde caribĂ©en, Seuil (MĂ©dia Participations), 2019 ; Naomi Klein, Tout peut changer. Capitalisme et changement climatique, trad. GeneviĂšve Boulanger et Nicolas CalvĂ©, Actes Sud, 2015. 

  7. Nous ne sommes d’ailleurs pas les seuls Ă  alerter. Voir par exemple Nicolas Bonnani, « Notre seule Ă©thique est celle de l’efficacitĂ© et du rĂ©sultat », lundimatin, 20 mai 2025 ; Sophie Kloetzli, « Qui est derriĂšre Anti-tech rĂ©sistance, le collectif “le plus radical de notre Ă©poque” ? », Usbek & Rica, 3 juin 2025 

  8. Theodore Kaczynski Ă©crit : « Quand nous parlons de “gauchistes” dans ce texte, nous pensons principalement aux socialistes, collectivistes, adeptes du “politiquement correct”, fĂ©ministes, homosexuels, dĂ©fenseurs des droits des animaux et ainsi de suite », Theodore Kaczynski, La sociĂ©tĂ© industrielle et son avenir (LSIESA), 1995, §7 (Une traduction en français de 2002 est disponible ici. Bref, il dirait probablement aujourd’hui qu’il faut faire la rĂ©volution contre le systĂšme technologique et contre la « dictature woke » – on notera d’ailleurs que l’illustration de l’article que ATR publie le 7/03/25 associe les gauchistes aux wokes (voir ici). 

  9. À propos des antiracistes, Theodore Kaczynski dit que «l’aide aux Noirs n’est pas leur vĂ©ritable but. Les problĂšmes raciaux leur servent de justification pour exprimer leur propre agressivitĂ© et leur dĂ©sir frustrĂ© de pouvoir. En fait, ils nuisent aux Noirs, parce que leur attitude hostile Ă  l’égard de la majoritĂ© blanche tend Ă  exacerber la haine raciale», ibid., §21. 

  10. Theodore Kaczynski Ă©crit : « La consĂ©quence de [l’éducation sexuelle], dans la mesure oĂč elle rĂ©ussit, est de retirer des mains de la famille la formation des comportements sexuels pour la confier Ă  l’État, reprĂ©sentĂ© par le systĂšme scolaire », ibid., §153. 

  11. Theodore Kaczynski Ă©crit : « L’éducation ne consiste plus seulement Ă  botter les fesses d’un enfant quand il n’apprend pas ses leçons [
], c’est dĂ©sormais une technique scientifique de contrĂŽle du dĂ©veloppement de l’enfant » (ibid., §148). Aussi, Ă  propos des « activistes » qui « maintenant voudraient interdire jusqu’à la simple fessĂ©e », Theodore Kaczynski affirme : « AprĂšs quoi, ils s’attaqueront Ă  une autre chose qu’ils dĂ©clareront malsaine, puis Ă  une autre, et encore Ă  une autre » (ibid., §219). 

  12. Voir notamment le III du Chapitre 1 de Anti-Tech Revolution: Why and How oĂč Theodore Kaczynski dĂ©veloppe longuement une soi-disante impuissance de Hitler, Franco, Staline, Jules CĂ©sar, Castro, Joseph II d’Autriche, Louis XIV, Batista ou Bismarck. 

  13. Voir par exemple l’article Renaud Garcia, « Les acceptologues. Les “minoritĂ©s de genre” au service de la fabrication des enfants. » Écologie & Politique, 65(2), p. 93-112, 2022, disponible ici. Un panorama plus complet de ses positions a Ă©tĂ© proposĂ© dans la brochure Le naufrage rĂ©actionnaire du mouvement anti-industriel · Histoire de dix ans, 2023, accessible ici. 

  14. Deux billets avaient remuĂ© la communautĂ© technocritique : « Ceci n’est pas une femme (Ă  propos des tordus “queer”) » et « Et c’est ainsi qu’Allah est grand ! ». ATR les cite Ă  multiples reprises son son site, comme dans un billet sur le luddisme oĂč cette proximitĂ© est explicite. L’objectif commun affichĂ© entre les deux collectifs, « saisir la critique de la technique dans toute son Ă©paisseur socio-Ă©conomique » est par ailleurs contredit par le discours portĂ© et les activitĂ©s menĂ©es par les deux organisations (voir ici). 

  15. Le Collectif d’Actions et de Recherche sur la Transphobie et l’ExtrĂȘme droite (C·A·R·T·E) a produit un document trĂšs utile pour identifier les courants transphobes français et leurs relais (pour ce qui nous concerne plus prĂ©cisĂ©ment Les Eco-essentialistes) (voir ici). 

  16. Voir le billet de l’anthropologue Aude Vidal dans MĂ©diapart « La DĂ©croissance: quand le “journal de la joie de vivre” courtise la fachosphĂšre », 2021, ou encore Le naufrage rĂ©actionnaire du mouvement anti-industriel, citĂ© plus haut. Depuis, La DĂ©croissance poursuit ses oeuvres, comme l’illustre le n°212 de septembre 2024 Ă  la couverture explicite, qu’on pourra retrouver ici. 

  17. Concept thĂ©orisĂ© par Renaud Camus, un suprĂ©maciste blanc ayant inspirĂ© l’attentat islamophobe de Christchurch en 2019 par Brenton Tarrant ayant fait 51 personnes tuĂ©es et 49 blessĂ©es. 

  18. Tract diffusĂ© fin janvier/dĂ©but fĂ©vrier 2025, distribuĂ© dans le cadre de l’AssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale Anti-Industrielle Parisienne (AGAIP), Ă©manation d’ATR. 

  19. RĂ©fĂ©rence dĂ©tournĂ©e au film des soeurs Wachowski Matrix, dans lequel un personnage propose au protagoniste de choisir entre une pilule bleue (qui laisserait le protagoniste inconscient du fait qu’il vit dans une simulation), ou une pilule rouge (qui lui rĂ©vĂ©lerait la rĂ©alitĂ© de la matrice). Pour les masculinistes, prendre la redpill c’est se rendre compte que, d’un cotĂ©, le fĂ©minisme organiserait l’exploitation des hommes et, de l’autre, que les femmes, et surtout les fĂ©ministes, leur devraient des relation sexuelles au nom de l’ordre patriarcal naturel. « Prendre la redpill », c’est accepter en tant qu’homme qu’il faut dominer et exploiter les femmes : pour qui voudrait passer aux actes, il faudrait « prendre la blackpill » et accepter le faux Ă©tat de fait selon lequel les femmes ne voudront jamais coucher avec soi, et se venger, notamment en organisant des attentats et des fĂ©minicides de masses. Voir Matteo Botto et Lucas GottzĂ©n, « Swallowing and spitting out the red pill: young men, vulnerability, and radicalization pathways in the manosphere », Journal of Gender Studies, 33(5), p. 596–608., 2023, accessible ici. 

  20. Les Ă©crits de Theodore Kaczynski ont d’abord Ă©tĂ© introduits dans le monde francophone de maniĂšre trĂšs approximative puis reprise par deux mondes qui s’opposent. D’un cotĂ©, la maison d’édition suisse d’extrĂȘme droite, XĂ©nia, de l’autre les Ă©ditions de l’Encyclopedie des nuisances. Ces diffĂ©rentes traductions mettent en valeur des visions distinctes de l’oeuvre de Kaczynski. Ainsi, le recours au terme « gauchistes » a Ă©tĂ© choisi par les courants d’extrĂȘme droite pour traduire « leftist », alors que la traduction plus consensuelle utilise le terme « progressistes », un choix qui a Ă©tĂ© clairement explicitĂ© dans la seconde traduction. Conscient de ces visions opposĂ©es de la pensĂ©e de Theodore Kaczynski, ATR fait le choix de reprendre la terminologie d’extrĂȘme droite dans ses communications sur les rĂ©seaux sociaux en s’attaquant aux « gauchistes » plutĂŽt qu’aux « progressistes ». Que ce soit par soucis d’efficacitĂ© ou par adhĂ©sion aux traductions les plus rĂ©actionnaires de leur maĂźtre Ă  penser, ATR est au minimum nĂ©gligeant sur la porositĂ© de son positionnement politique avec les idĂ©es d’extrĂȘme droite. Pour plus de prĂ©cisions, on peut aller voir les Ă©crits de Renaud Garcia lui-mĂȘme, repris dans ce billet de blog de 2023 : « Ted Kaczynski est mort ». 

  21. C’est le 7e principe du rĂ©sistant anti-tech selon ATR. 

  22. « Le confusionnisme est une pratique consistant Ă  utiliser alternativement ou en les mĂȘlant des thĂ©ories, postures et vocabulaires de courants politiques antagonistes. Pour l’extrĂȘme droite, c’est un outil de propagande et de recrutement. L’objectif premier est de brouiller les lignes politiques nĂ©cessaires Ă  la comprĂ©hension du monde ou Ă  analyser des discours, de dĂ©sarmer intellectuellement l’adversaire politique en lui confisquant l’usage de ses mots tout en les vidant de sens. Le second but est de donner une couleur “sociale” Ă  l’extrĂȘme droite en recyclant les thĂšmes de la gauche ». DĂ©finition tirĂ©e de la brochure « Tout ce qui fume n’est pas feu, ce que complotisme et conspirationnisme font aux luttes », infokiosques.net, 26 mars 2022. 

  23. À titre d’exemple, Theodore Kaczynski mĂ©lange abondamment des citations de LĂ©nine, Castro, Karl Marx, Mao Zedong, Joseph Staline, Adolf Hitler, LĂ©on Trotsky, Martin Luther
 dans Anti-Tech Revolution: Why and How, comme dans le reste des Ă©crits. Le parti pris confusionniste de l’auteur lui fait Ă©crire des phrases comme “L’idĂ©ologie progressiste est totalitaire” (ibid., §219) et tend Ă  brouiller tant les messages portĂ©s par son auteur que le sens des positions des personnes citĂ©es. 

  24. Voir ici 

  25. Sa misogynie systĂ©matique, son antisĂ©mitisme manifeste (voir ses Carnets, 1847-1851 notamment), son opposition Ă  l’abolition de l’esclavage et son soutien Ă  la colonisation au prĂ©texte que les EuropĂ©ens Ă©taient une « race supĂ©rieure » Ă  mĂȘme d’élever les « races infĂ©rieures » (voir La Guerre et la Paix, 1861, disponible intĂ©gralement en ligne) Ă©taient dĂ©jĂ  combattu par ses contemporain·es, et sont largement documentĂ©s aujourd’hui. 

  26. À titre d’exemple lors du sommet de l’IA, ATR a alternĂ© les types de registres d’actions, organisant une confĂ©rence, une manifestation, collaborant avec un artiste pour rĂ©aliser une projection sauvage sur le grand palais ou le recours Ă  des IA pour simuler de faux discours favorables Ă  leur cause prononcĂ©s par des personnalitĂ©s qu’iels critiquent et dĂ©noncent, tout en proposant des actions comme un blocage ou une perturbation de contre-sommets concurrents au leur. Cela a aussi Ă©tĂ© le cas lors de l’évĂ©nement organisĂ© par Stop Micro et auquel ont participĂ© les SoulĂšvements de la Terre, et dont ATR a eu tout le loisir de se plaindre ici. 

  27. L’horizontalitĂ© du fonctionnement d’Extinction Rebellion ne permet pas Ă  l’organisation de remettre en question l’organisation des comitĂ©s locaux. Pour plus d’informations sur les divergences de positions entre XR et la mouvance ATR en Bretagne, voir ici. 

  28. Le 8 fĂ©vrier dernier, ATR organisait Ă  la Bourse du travail un « contre-sommet de l’IA », en rĂ©action au sommet de l’IA organisĂ© par le gouvernement et auquel Ă©taient invitĂ©s, entre autres, Trump, Musk, Modi, et d’autres fascistes de la sorte. Ce contre-sommet se constituait notamment de diffĂ©rentes prĂ©sentations et tables rondes dont une « IA & Extractivisme. On touche le fond mais on creuse encore », animĂ©e par « Barth, de Extinction Rebellion », qui a participĂ© a un rassemblent contre le sommet le lendemain (voir ici). Barth y apparaissait avec un drapeau XR orange, tandis d’un autre membre d’ATR Ă©tait vĂȘtu d’un gilet fluo floquĂ© du logo XR. « Barth » ne reprĂ©sentait toutefois pas XR, et avait de fait usurpĂ© le logo du collectif, qui s’est dĂ©fendu de cette association malhonnĂȘte Ă  ATR dans un communiquĂ© (voir ici). 

  29. Dans La Nef des fous, conte au titre Ă©ponyme de l’oeuvre du peintre JĂ©rĂŽme Bosch, Theodore Kaczynski dĂ©crit un Ă©quipage en proie Ă  des dĂ©bats illustrant les luttes sociales, tandis qu’un jeune mousse alertant sur l’urgence d’un naufrage reste inaudible jusqu’à la catastrophe. On notera la vision antagoniste des luttes sociales vs. Ă©cologiques de l’auteur, et ses choix de vulgarisation des causes sociales jugĂ©es secondaires (par exemple : « votre droit Ă  sucer des bites » concernant les luttes contre l’homophobie). Voir ici et [lĂ ](https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Nef_des_fous*(Bosch)). 

  30. Site de ATR 

  31. Site de ATR 

  32. Extrait d’un billet de blog d’ATR reprenant une lettre de Theodore Kaczynski qui dĂ©savoue des suprĂ©macistes blancs se revendiquant de lui, car ils n’auraient pas compris sa pensĂ©e (voir ici 

  33. voir ici 

  34. On peut penser Ă  Louna, femme trans incarcĂ©rĂ©e pour avoir incendiĂ©e une pelleteuse dans le cadre de la lutte contre l’autoroute A69 (voir ici, au collectif fĂ©ministe et anti-nuclĂ©aire des Bombes atomiques (voir ici), au camp antinuclĂ©aire des Rayonnantes intĂ©grant la lutte contre les oppressions systĂ©miques racistes et un queer block lors de l’action massive et coordonnĂ©e de sabotage (voir ici), ou Ă  la lutte des femmes zapatistes (voir ici) et l’intĂ©gration de prĂ©occupations intersectionnelles dans les principales organisations de mobilisations Ă©cologistes. Les nombreux actes de sabotage revendiquĂ©s sur le site anti-autoritaire Sans nom montre l’efficacitĂ© de l’organisation horizontale. 

  35. Ce type de positions est hĂ©ritĂ© de Jacques Ellul, penseur technocritique incontournable, et prĂ©sentĂ© comme tel sur le blog d’ATR. Les idĂ©es clairement rĂ©actionnaires du penseur – retour Ă  une sociĂ©tĂ© d’Ancien RĂ©gime, religieuse et patriarcale – ont influencĂ© sa façon de penser la technique. Voir Jacques Ellul, La technique ou l’enjeu du siĂšcle, Economica, Paris, 1990 [1954], p. 44-47. 

  36. Voir ici, ou le post instagram du 10/05/25, de mĂȘme que certains de leurs stickers. Voir aussi le principe 7 du rĂ©sistant antitech (voir ici. 

  37. C’est-Ă -dire d’une technique comme force autonome s’imposant Ă  la sociĂ©tĂ©. Dans cette vision, les rapports sociaux et de pouvoir sont subordonnĂ©s Ă  la technique qui fonctionne selon ses propres principes. Voir Andrew Feenberg, (Re)penser la technique. Vers une technologie dĂ©mocratique, Paris, Éd. La DĂ©couverte/MAUSS, coll. Recherches, 2004. 

  38. Concernant la vision essentialisante de « la Nature » comme terreau favorable aux idĂ©es rĂ©actionnaires, voir par exemple le livre d’Antoine Dubiau, Ecofascismes, GrĂ©vis, 2022. Pour une autre dĂ©finition de la nature, voir l’extrait « Quelle est la nature qui se dĂ©fend » des SoulĂšvements de la terre issu de PremiĂšres secousses, La Fabrique, Paris, 2024 et disponible ici. 

  39. Voir le post insta du 7/05/2025. 

  40. Voir ici ; sur la rĂ©habilitation d’une « nature » existant « en soi et pour soi » (voir ici 

  41. Voir ici 

  42. Theodore Kaczynski Ă©crit : « Les rĂ©volutionnaires [anti-gauchistes donc ] doivent avoir autant d’enfants qu’ils le peuvent. C’est une Ă©vidence scientifique que les attitudes sociales sont en grande partie hĂ©ritĂ©es. [
] L’ennui, c’est que la plupart des gens qui ont tendance Ă  se rebeller contre le systĂšme techno-industriel sont aussi prĂ©occupĂ©s par les problĂšmes dĂ©mographiques, ce qui fait qu’ils prĂ©fĂšrent n’avoir pas d’enfants ou en avoir peu. », ibid., §204 puis §205. 

  43. Theodore Kaczynski Ă©crit : « MĂȘme si les progrĂšs mĂ©dicaux pouvaient ĂȘtre obtenus indĂ©pendamment du reste du systĂšme technologique, cela amĂšnerait tout de mĂȘme certaines dĂ©rives. Supposons, par exemple, qu’un traitement contre le diabĂšte soit dĂ©couvert. (
) La sĂ©lection naturelle qui s’exerce contre les gĂšnes du diabĂšte cesserait et ces gĂšnes se rĂ©pandraient parmi toute la population (cela est dĂ©jĂ  le cas dans une certaine mesure, puisque le diabĂšte, qui ne peut ĂȘtre guĂ©ri, est jugulĂ© par l’utilisation d’insuline). La mĂȘme chose arriverait avec d’autres maladies du mĂȘme type ce qui affaiblirait le patrimoine gĂ©nĂ©tique de la population. La seule solution serait alors une sorte de programme eugĂ©nique ou un dĂ©veloppement Ă  grande Ă©chelle de l’ingĂ©nierie gĂ©nĂ©tique, ce qui fait que dans le futur, l’homme ne sera plus une crĂ©ation de la nature, du hasard, ou de Dieu (suivant vos convictions religieuses ou philosophiques), mais un produit manufacturĂ©. », ibid., §122. 

  44. Voir Malcolm Ferdinand, « DerriÚre le silence colonial de la nature sauvage », trad. Mabeuko Oberty, Terrestres, 6 mars 2025, disponible ici. 

  45. Voir ici et là 

  46. La description des activitĂ©s proposĂ©es par ATR suffit Ă  s’en convaincre. Si les « Sports de combat & Self-defense », la « RandonnĂ©e & Trail running », les « Stages de survie & Bushcraft », et autres activitĂ©s physiques proposĂ©es par ATR peuvent ĂȘtre judicieuses pour prendre soin de la santĂ© des individus et adopter des techniques de dĂ©fense face Ă  l’extrĂȘme droite, promouvoir ces activitĂ©s dans une logique biologisante et capacitiste renvoie Ă  un imaginaire survivaliste et eugĂ©niste. 

  47. Voir ici 

  48. Voir ici 

  49. Voir ici 

  50. Voir ici 

  51. Voir Pierre Madelin, La tentation écofasciste, Ecosociété, 2023. 

  52. Voir Mathieu Burgalassi, La peur et la haine. EnquĂȘte chez les survivalistes, Michel Lafon, 2021. 

  53. « Lorsque l’écologie pour laquelle on se met en mouvement fait abstraction de l’intersectionnalitĂ© des enjeux, cela peut mener Ă  justifier de tous les moyens pour obtenir de prĂ©server les Ă©cosystĂšmes dont on dĂ©pend pour survivre, quitte Ă  ce que tout le reste devienne accessoire. Et ce mĂȘme de glisser vers des Ă©co-fascismes : des formes d’écologies qui s’amĂ©nagent / promeuvent d’idĂ©ologies autoritaires, xĂ©nophobes, capitalo-compatibles, patriarcales. » Victoria Berni-AndrĂ©, Vivant⋅es et dignes, des petits gestes Ă  l’écologie politique, Hors d’atteinte, 2024. Voir aussi l’ouvrage du Collectif Zetkin, Fascisme Fossile, La Fabrique, 2020 ou encore Antoine Dubiau, Ecofascismes, GrĂ©vis, NED 2023 [2022] - voir aussi. 

  54. Comme l’ont illustrĂ© leurs actions lors de la semaine contre le sommet de l’IA. Voir aussi le communiquĂ© d’ATR, depuis supprimĂ© de leur Insta, suite Ă  l’annulation par la Maison Ouverte de Montreuil de leurs Ă©vĂšnements prĂ©vus les 17 janvier et 8 fĂ©vrier 2025 (Voir une archive du communiquĂ©). 

  55. Le fascisme est une idĂ©ologie autoritaire, souvent nationaliste, prĂŽnant le retour Ă  une unitĂ© culturelle et/ou raciale passĂ©e fantasmĂ©e par l’ordre, la force et la discipline. Il vise Ă  crĂ©er une sociĂ©tĂ© hiĂ©rarchique qui rĂ©prime les populations ne rentrant pas dans ce cadre (opposant·es politiques, les personnes non-blanches, juives, musulmanes, LGBTQIA+, etc). Sur ce sujet, voir par exemple les Ă©crits d’Ugo Palheta, ou encore le podcast qu’il anime pour la revue Contretemps, Minuit dans le siĂšcle, disponible ici). 

  56. Voir ici et là 

  57. Voir ici 

  58. Il n’est ici pas seulement question de « technofascisme international », mais bien de fascisme racial. On ne peut comprendre l’alliance de Musk et Modi sans voir l’alliance anti-musulman qui les unit. La critique des technologies militaires et de surveillance ne peut ĂȘtre faite sans la dĂ©nonciation des politiques xĂ©nophobes, d’épurations ethniques et gĂ©nocidaires. 

  59. Voir ici 

  60. Benito Mussolini, dans son « Discours aux maires des communes d’Italie rassemblĂ©s dans Rome » le 23 mars 1924 pour le cinquiĂšme anniversaire de la fondation des Faisceaux, cite « la collaboration des classes, le respect de la religion » comme exemple d’ « exaltation de toutes les Ă©nergies » nĂ©cessaire au « mouvement spirituel et politique » qu’est le fascisme (d’aprĂšs le Corriere della Sera, 24 mars 1924) 

  61. Voir iciÂ