Des jouets téléguidés contre des jets privés

C’est la drôle de scène qui s’était déroulée le 20 mai dernier sur le tarmac de l’aéroport de Cannes-Mandelieu. Suite à cette action symbolique qui a perturbé quelques minutes le trafic du lieu, des militant·e·s se retrouvent en procès. 

En effet, le 17 novembre 2023, trois activistes d’Extinction Rébellion, ANV COP21 et ATTAC comparaîtront devant le tribunal correctionnel de Grasse à 14h30. Ils et elles sont poursuivi·es pour “entrave à la circulation d’un aéronef”. Les militant·e·s sont accusé·e·s notamment d’avoir retardé le décollage d’un jet privé avec des voitures télécommandées, alors que le Festival de Cannes battait son plein - ainsi que le ballet des jets privés.

Ils et elles risquent des peines pouvant aller jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 18 000€ d’amende.

Mais les vrais criminels ne sont-ils pas les ultra-riches, dont le mode de vie à base de déplacements inutiles en jets privés et autres moyens de transport ultra-polluants est totalement incompatible avec la crise climatique et sociale que nous traversons et les recommandations maintes fois répétées de milliers de scientifiques ? Ne sont-ils pas l’Etat, coupable de complaisance, et les sociétés aéroportuaires qui profitent de la situation en niant cyniquement qu’elle nous mène droit dans le mur ?

Le secteur de l’aviation privée représente à lui seul un drame climatique et les chiffres sont vertigineux : plus de 3 millions de tonnes de CO2 en Europe en 2022, pour des trajets 5 à 14 fois plus polluants que l’aviation commerciale et 50 fois plus que le train. Une seule heure de vol correspond ainsi à l’émission de 2 tonnes de CO₂, soit à la cible annuelle d’un.e Européen.ne pour respecter les Accords de Paris !

Les vols et jets privés sont également parmi les moins taxés (seulement 2% du prix du billet, contre 43% pour des vols commerciaux), ajoutant l’injustice sociale à l’aberration climatique.

Alors que les citoyen.ne.s connaissent une inflation sans précédent et qu’on leur demande de faire des efforts sur leur consommation d’énergie, comment ne pas être scandalisé par une infime minorité de privilégié.e.s (fortune moyenne d’un.e propriétaire de jet = 1,3 Md€) qui gaspillent les ressources et dont le mode de vie a un impact sur l’environnement et la santé de toutes et tous ?

Avec 59 217 mouvements d’aviation d’affaires en 2022 (source : rapport annuel d’activité 2022 de l’Aéroport Nice Côte d’Azur), soit une augmentation de 10,2% par rapport à 2021, le trio Nice, Cannes-Mandelieu et Saint-Tropez caracole en tête des destinations françaises et Nice apparaît pas moins de 3 fois dans le top 10 des destinations les plus fréquentées en Europe

Loin d’en tirer les conséquences, à l’image de l’aéroport d’Amsterdam qui se dit prêt à prendre des mesures fortes pour réguler l’aviation d’affaires, ceux de la Côte d’Azur se réjouissent de l’augmentation du trafic tout en se gargarisant d’avoir “fait de la transition écologique l’une de [leurs] priorités”, à base de bio-carburants et de savants calculs de trajectoires.

L’Etat, quant à lui, n’a toujours pas pris de mesure forte à l’encontre de ces vols, malgré une proposition de loi à l’automne dernier visant à interdire leur usage, immédiatement balayée par le sénat.

Plus récemment, le 02 octobre dernier, ce sont 85 organisations européennes qui ont adressé une lettre ouverte aux dirigeant.es européen.nes, les appelant à interdire les jets privés et à taxer l’usage intensif de l’avion : sera-t-elle entendue ?

Face à l’urgence, nous affirmons la légitimité des actions de désobéissance civile non violentes symboliques, et nous demandons à la justice de les reconnaître comme telles.

La désobéissance civile comme moyen d’action pour lutter contre le dérèglement climatique a déjà été jugée légitime dans de précédents cas, comme celui des décrocheurs de portraits relaxés devant la justice.

Nous affirmons donc que les vrais criminels ne sont pas les soi-disant « écoterroristes » « armés » de jouets téléguidés, mais bien les ultra-riches aux modes de vie polluants et destructeurs, ainsi que les gouvernants nationaux et régionaux qui font preuve d’une complaisance indécente à leur égard. Alors que la France a déjà été condamnée deux fois pour inaction climatique, la seule réponse du gouvernement est de criminaliser l’action des activistes qui dénoncent ces aberrations climatiques.

Pour soutenir les prévenu·e·s, nous vous invitons à venir à la soirée du 8 novembre à 19h au local des Diables Bleus, 29 route de Turin à Nice, et à venir devant le Tribunal de Grasse le 17 novembre à 13h30, jour du procès.

STOP À LA CRIMINALISATION DES MILITANT.E.S DU CLIMAT ET À L’IMPUNITÉ DES ULTRA-RICHES !

La cagnotte pour aider les activistes à couvrir leurs frais juridiques, c'est par ici !

Les infos pour la soirée de soutien du 8 novembre, c'est par là !