(Cet article est le premier d’une série de quatre articles, accessibles ici)

Mercredi 21 août à l’université d’été du mouvement « écologie intégrale » j’ai rencontré Vincent Liegey, le porte-parole du parti pour la décroissance. J’ai acheté le livre qu’il a écrit avec Stéphane Madeleine, Christophe Ondet et Anne-Isabelle Veillot : « un projet de décroissance, manifeste pour une Dotation Inconditionnelle d’Autonomie. » ( Manifeste pour une dotation inconditionnelle d’autonomie, Vincent Liegey, Stéphane Madelaine, Christophe Ondet et Anne-Isabelle Veillot, éditions Utopia (2013) (Source))

Ce livre propose des chemins permettant une décroissance choisie plutôt que la récession subie qui nous est promise, des chemins qui permettent de réduire l’empreinte écologique jusqu’à un niveau de vie durable et désirable.

L’outil qui permet cela est la dotation inconditionnelle d’autonomie qui est versée de la naissance à la mort et qui permet de vivre frugalement mais dignement tout en permettant aux alternatives locales de se développer (monnaie locale, AMAP, jardin partagé, etc.).

La DIA permet aussi de libérer du temps pour participer au débat politique et permet de valoriser les activités non marchandes (s’occuper des enfants, des parents, d’une association, etc.).

Retrouvez dans les 4 épisodes une version synthétique de leur proposition. Et pour aller plus loin, vous pouvez consulter le site un projet de décroissance


Pourquoi la décroissance ?

Les décroissants portent un projet anticapitaliste et anti-productiviste. Ils disent que la société capitaliste, productiviste et consumériste est en crise mais qu’on ne peut pas attendre que ce système s’écroule de lui-même.

Le projet soutient un revenu de base, la DIA (dotation inconditionnelle d’autonomie) pour que le travail n’ait plus une place centrale dans nos vies, que l’on cesse de vivre pour travailler. Cette DIA n’est pas un revenu de survie. C’est un instrument de sortie du système capitaliste et productiviste. Elle prendrait 3 formes : euros + monnaie locale + accès gratuit aux biens communs (alimentation, énergie, eau potable, éducation et convivialité) et aux besoins de base (logement, vêtements) en quantité suffisante mais frugale. Le mésusage (l’usage excessif) est lui payant de façon dissuasive. Il est absurde de payer au même prix l’eau de boisson et l’eau pour remplir sa piscine ou laver sa voiture.

Les ennemis sont désignés, ce sont les outils d’asservissement : concurrence, compétitivité, marchandisation du monde, addiction à la consommation entretenue par la publicité, foi aveugle dans la technologie, aliénation au travail, etc.

La période des 30 glorieuses a marqué l’imaginaire de plusieurs générations qui explique la croyance que la croissance est la solution. Mais c’est une exception historique qui ne reviendra pas compte-tenu des limites de la planète et la croissance est une impasse. Nous avons le choix entre une « décroissance volontaire et démocratique » ou une « récession subie et oligarchique »

Le livre, qui date de 2013, mentionne le rapport Meadows, l’effondrement de la biodiversité, le dérèglement climatique, la pollution mais aussi la permaculture, la non-violence et la désobéissance civile.

La décroissance du PIB va de pair avec la décroissance de l’empreinte écologique jusqu’à arriver à une société soutenable. Les objecteurs de croissance ne veulent pas prendre le pouvoir, ils veulent changer la société par la base en s’appuyant sur 4 niveaux :

  • individuel (réduire son empreinte écologique)
  • collectif (monnaies locales, jardins partagés, ressourceries …)
  • projet (comment faire une transition démocratique vers une société soutenable et désirable.
  • visibilité (rencontres-débats, actions anti pub, désobéissance civile, participation à des élections, …)

La Dotation Inconditionnelle d’Autonomie (DIA)

La première des décroissances doit être celle des inégalités. C’est pourquoi le projet comprend non seulement la dotation inconditionnelle d’autonomie mais aussi le RMA (revenue maximum acceptable). Le livre préconise RMA = 4 x DIA. Au delà, tout est prélevé, une tranche marginale d’imposition de 100% ! Réduire les revenus des plus riches permettrait de réduire leur empreinte carbone insoutenable et de déconstruire l’idéal de vie qu’ils représentent et qui n’est pas généralisable.

La dotation inconditionnelle d’autonomie, en permettant de désaliéner du travail contraint, permet de se réapproprier sa vie. Elle est cumulable à tout autre revenu et permet de reconnaître des activités non marchandes. Instaurer la DIA (euros + monnaie locale + gratuité des besoins de base) permet de mettre en place progressivement une société soutenable et souhaitable basée sur la décroissance. Outre la DIA, le livre propose de créer de l’autonomie alimentaire et énergétique au niveau local et de créer des monnaies locales.

Références