Vendredi 23 Septembre, nous avons bloqué le terminal 1 de l’aéroport du Bourget tout l’après-midi empêchant ainsi les ultra-riches de prendre leurs vols de confort pour le week-end.

Blocage du Terminal 1 du Bourget

En bloquant le terminal, nous avons répondu à la consigne du gouvernement de faire des « petits gestes » pour économiser l’énergie. Pour chaque 10 minutes où les jets ont été empêchés de décoller, c’est une quantité de kérosène représentant plus d’une tonne de CO2 qui n’a pas été brûlée1. Notre demande est claire, l’interdiction des jets privés !


Notre demande: l’interdiction des jets privés

Sur places deux prises de parole rappelant la situation et nos demandes:

Annick Coupé, porte-parole d’Attac, « Nous sommes ici pour dénoncer l’usage des jets privés. Comment justifier qu’en pleine crise climatique et énergétique, les plus riches multiplient les voyages de confort en jets privés ? Alors que le gouvernement demande aux plus précaires de réduire l’usage de leur voiture, de baisser le chauffage, de couper la wifi, aucune contrainte ne pèse sur les plus riches. Un milliardaire comme Bernard Arnault émet près de 9000 tonnes d’équivalent CO2 par an, soit les émissions moyennes d’un Français sur 1870 ans. Il est urgent de stopper les criminels climatiques et d’interdire les jets privés ! C’est le sens de l’appel que nous avons lancé, à signer sur le site d’Attac »

Camille, militante d’Extinction Rebellion, « Oui, il faut interdire les vols en jet privé. Nous sommes déjà venus bloquer le Bourget en janvier 2022 avec Alternatiba et Attac. En juin, nous manifestions au salon « France Air Expo » à Lyon. Aujourd’hui nous revenons stopper l’indécence climaticide des super-riches. Leur mode de vie en fait de véritables ennemis du vivant. Sachant qu’aucune action gouvernementale n’est prise pour les stopper, les citoyens et citoyennes sont légitimes à agir pour obtenir la justice climatique. Donc oui, nous allons tout faire pour clouer leurs jets privés au sol ! »

Une militante déterminée

Malgrè la crise climatique, le transport en jet se développe

La crise climatique s’accentue, et pourtant l’utilisation de jets se répand : aujourd’hui, la location de jets privés représente 17 % des vols européens, contre 7 % en 2019. Pour un même trajet, un jet rejette dix fois plus de carbone que les lignes aériennes commerciales et est 50 fois plus polluant que les trains. Une seule heure de vol en jet correspond aux émissions annuelles moyennes d’une voiture en France2. Le 8 août 2022, l’avion de Vincent Bolloré a émis 27,4 tonnes de CO2 en 5 vols, soit 3 ans d’empreinte carbone d’un·e Français·e.

Au niveau européen, la France figure aux premières places pour l’utilisation de ce moyen de transport ultra-polluant, avec un vol sur dix en jet privé en 2019. Cela représente une émission de près de 400 000 tonnes de CO2, autant que la consommation les émissions annuelles de 180 000 voitures ! Alors même qu’en France, la moitié des vols en jet concernent des courtes distances (moins de 500km). Les aéroports de Nice et de Paris sont responsables à eux seuls de 60% des émissions de jets privés en France3.

Blocage de l'entrée du Terminal 1

La sobriété doit commencer par les plus gros pollueurs, les plus riches

Pour la Ministre de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, dénoncer l’usage des jets privés serait « à côté de la plaque ». L’usage de ce mode de transport ultra-polluant est pourtant le symbole de l’injustice fiscale, sociale et climatique qui s’accroît entre la population et les privilégiés, qu’il s’agisse de milliardaires, de quelques footballeurs nantis ou des membres du gouvernement, qui sont eux aussi friands de l’usage des jets privés. Reste à la population de subir les injonctions de sobriété, et les risques immédiats du dérèglement climatique.

L’absence de volonté politique rend les pouvoirs publics complices de ces crimes climatiques. Il est insupportable de constater aujourd’hui que les modes de transport ultra-polluants sont encouragés par les pouvoirs publics, par l’absence de réglementation, voire par des exonérations fiscales comme celle dont bénéficie le kérosène.

Il faut bien bien sûr une réduction planifiée de la consommation d’énergie. Mais cette sobriété ne sera juste socialement et efficace d’un point de vue climatique que si elle commence par la mise à l’arrêt de la consommation d’énergie des ultra-riches. Ils ont une part immense de la responsabilité des crises écologiques, c’est à eux d’en payer le prix.

Afin de mettre à la sobriété les ultra-riches, exigeons l’interdiction des jets privés !

Vue d'ensemble de l'entrée du Terminal 1 du Bourget
  1. D’après le rapport « Private jets : can the super-rich supercharge zero-emission aviation ? » de l’organisation Transport & Environnement, les émissions carbone dues au trafic aérien de jets privés à partir d’aéroports français s’élevaient à 365 630 tonnes de CO2 en 2019. A eux seuls les deux aéroports Paris Le Bourget et Nice Côte d’Azur sont responsables de 60% de ces émissions, soit 219 378 tonnes de CO2. On peut raisonnablement considérer que la moitié de ces émissions sont imputables à l’aéroport du Bourget, soit 109 689 tonnes de CO2. La méthodologie du rapport attribue seulement la moitié des émissions à l’aéroport d’arrivée ou de départ, on divise à nouveau par deux ce chiffre pour obtenir 54 844 tonnes de CO2 émises annuellement par les jets privés décollant ou atterrissant à Paris Le Bourget. Soit 6 tonnes de CO2 par heure ou 1 tonne de CO2 toutes les dix minutes ! 

  2. « Le leader français du jet privé brûle la planète en toute impunité », Mediapart (28/08/22) 

  3. Rapport “ Private jets : can the super-rich supercharge zero-emission aviation ? “, Transport & Environnement, mai 2021