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Le mouvement Extinction Rebellion est aussi divers et riche que les rebelles qui y participent. Cet est espace « Parole de rebelles » est ouvert à toutes les contributions personnelles ponctuelles. Les avis exprimés ici par les rebelles sont personnels et n'engagent que leurs auteur·e·s et pas le mouvement Extinction Rebellion dans son ensemble (France et International).

Le 19 octobre 2019, XR Écosse a partagé une tribune faisant écho à des questionnements qui ont émergé ces dernières semaines au sein de tout le mouvement, et notamment notre branche française.

Face à la critique, nous sommes prêt·e·s à écouter, accepter nos erreurs et nous remettre en question.

Voici la traduction de cette tribune :


Cette dernière semaine, deux images largement partagées ont résumé les problèmes profonds prenant naissance au cœur du mouvement Extinction Rebellion. Sur l’une, un homme en costard se fait éjecter du métro par des personnes devant se rendre au travail. A Canning Town, une aire urbaine très populaire de Londres qui a été profondément touchée par des années d’austérité.

Sur l’autre, une carte et un bouquet de fleurs envoyés à des officiers de police par un(e) rebelle d’XR les remerciant pour leur « professionnalisme ». Juste devant le commissariat de Brixton, où des hommes noirs sont morts en garde à vue.

Ces scènes n’ont rien montré de nouveau – XR a longtemps été critiqué pour échouer à se connecter avec les communautés marginalisées. Mais ces photos ont montré l’urgence pour XR de se prononcer sur ces problèmes.

L’un des messages principaux d’XR est « nous affrontons le problème ensemble ». La catastrophe climatique arrive pour tout le monde, quelle que soit la classe, la race ou la religion, nous pouvons tous·tes être uni·e·s par une cause commune face à une menace partagée.

MAIS :

  • Les habitant·e·s du Sud subissent déjà les inondations, sécheresses, famines et chaleur insupportable qui n’affecteront pas le Nord de la même façon. [note explicative au cas où : par pays du Sud, on désigne communément les pays pauvres ou en voie de développement, qui se trouvent souvent au sud géographiquement parlant, par opposition aux riches pays du Nord]
  • Ils se sont fait déposséder de leurs ressources qui leur auraient permis de surmonter plus facilement cette crise climatique, cette spoliation est le fruit du système économique bénéficiant aux 1 % les plus riches.
  • Les personnes en situation de pauvreté, qu’elles vivent au Sud ou au Nord, à cause de l’injustice structurelle (souvent ce sont des personnes racisées ou en perte d’autonomie) sont et vont être plus affectées par des évènements dont les riches sont protégés.
  • Les migrations causées par les effets de l’urgence climatique et écologique se heurtent à des politiques aux frontières hostiles aux migrants, qui laissent les gens se noyer et les gardent pendant un temps indéfini en détention.

Oui, la crise va venir pour tout le monde. Mais c’est très injuste qu’elle impacte plus certaines personnes que d’autres. Et quand nous faisons fi de cela, quand nous ignorons les voix de celle et ceux qui sont le plus exposé.e.s et qui ont le plus à perdre, quand nous nous concentrons seulement sur « nos enfants » et non les personnes qui sont en train de mourir en ce moment, nous risquons de laisser de l’espace pour l’éco-fascisme. En refusant de nommer les causes des crises climatiques et sociales – colonialisme et capitalisme – XR continuera de s’aliéner les personnes qui sont déjà en train de vivre aux extrêmes marges du système qui nous tuera tous·tes.

Dans la suite de la semaine de rébellion internationale, des membres d’XR Scotland ont choisi de mettre en lumière ces problèmes, et de répondre aux attentes de femmes de couleurs de notre groupe qui ont été rejetées par des figures clés d’XR UK, pour avoir créé des bannières « DÉCOLONISER XR » et « LUTTE CLIMATIQUE = LUTTE DES CLASSES ». Beaucoup de personnes , et d’autres groupes au sein d’XR comme Extinction Rebellion Youth, Global Justice Rebellion et XR Internationalist Solidarity Network, ont applaudi ces bannières. D’autres au sein d’XR ont questionné le « message ».

La semaine dernière, lors de l’action de blocage routier visant la conférence du Gouvernement sur le pétrole et le gaz, des activistes de groupes autres que XR Scotland ont commencé à chanter « police, nous vous aimons, nous faisons ça pour vos enfants aussi ».

Une femme qui était là avec les protestants d’XR a commencé à crier : « Dites ça aux familles de Stephen Lawrence et de Mark Duggan ; dites que vous aimez la police aux gens de Totteham. Dites ça à mes amis dont les vies sont ruinées par ce système. Écoutez, si les personnes sur la route étaient toutes de couleur, la police chargerait sur eux avec le matériel anti-émeutes. Mes amis noirs et métis sont arrêtés et recherchés tous les jours ». D’autres membres d’XR lui ont dit de baisser la voix et disaient que cela n’avait « rien à voir ».

Pendant que des rebelles écossais circulaient en demandant individuellement aux gens de ne pas chanter ce chant, une autre rebelle d’XR – une jeune femme de couleur – a pris le mégaphone pour demander « S’ils vous plait, ne chantez pas cela - c’est vraiment nous aliéner les personnes des communautés marginalisées ». Une femme d’âge moyen lui prit alors le mégaphone pour dire qu’elle aime la police, et qu’elle fait ça pour leurs enfants ainsi que les siens. La critique d’une femme de couleur fut littéralement passée sous silence par les préoccupations d’une femme blanche.

Raconter cet incident n’est pas pour blâmer individuellement cette femme blanche – ses actions étaient juste un symptôme de quelque chose de systémique autant chez XR que dans l’ensemble de la société. Mais cela rappelle que les blancs de la classe moyenne qui dominent notre mouvement doivent arrêter de prendre le mégaphone. Être silencieux, et écouter.

Après avoir écouté, ce qui arrive après est plus difficile. Comment XR peut utiliser ses ressources pour une véritable solidarité ? Comment pouvons-nous passer d’un mouvement très accueillant envers les blancs et la classe moyenne à un mouvement qui se

centre sur ceux qui ont été exclus ? Et sans que cela devienne un geste symbolique, comment intégrer les personnes en situation de handicap, de la classe populaire et des personnes de couleur pour faire le travail que celleux qui ont plus de privilèges devraient avoir fait depuis longtemps ? Mais prendre le temps d’écouter, absorber, et réfléchir, est la première étape essentielle.

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