Nous sommes mardi 4 mai 2021. Le ciel est gris et lourd. L’avenir écologique de la France se joue à l’Assemblée Nationale.

A l’intérieur du Palais Bourbon, les député.e.s piétinent la démocratie participative de la Convention Citoyenne pour le Climat, faisant la part belle aux lobbys.

A l’extérieur, les rebelles d’Extinction Rebellion s’enchaînent aux grilles de l’Assemblée et détruisent symboliquement la fausse promesse « Sans filtre » du Gouvernement.

Mettre la clé devant la porte

Le projet de loi « Climat et Résilience » a ouvert les portes démocratiques que l’on attendait ! Mais comment ce qui a tant ramené la lumière, a-t-il pu finalement autant assombrir l’horizon ? Voilà une question aussi rhétorique que ritournelle, en politique.

Cette cohésion du début portait l’espoir de voir advenir un futur soutenable. 150 citoyen.ne.s qui élaborent 149 propositions au nom du bien commun, tissant enfin un projet de société désirable ! Seulement, le laminage progressif du gouvernement nous a ôté toute jubilation. 90% ont été abandonnées et le reste vidées de leur substance. Une loi climat d’un cynisme aberrant que le gouvernement, le verbe haut, ne craindra pas de valoriser malgré sa flagrante inefficacité au vu de l’urgence climatique.

Cette loi est un mensonge de l’État et un piétinement de la démocratie. Le gouvernement se rendant complice dans la destruction du vivant, menaçant gravement la sécurité de la population par une politique mortifère au service des intérêts privés.

Sur cette violente porte claquée au nez de chacun.e, nous écrivons les mots trahison, injustice, déception.

Car Pouvoir, Démocratie et Citoyenneté ont été une fois de plus mis sous clés, détenues par nos élu.e.s.

Car malgré ce déni de démocratie, les clés de notre avenir sont entre leurs mains.

C’est pour cela que 12 clés ont été envoyées à 12 ministres et député.e.s. Parmis elles.eux, Jean-Baptiste Djebbari -secrétaire d’État aux Transports- ou encore Barbara Pompili -ministre de la Transition Écologique (sic)-.

De battre nos coeurs se sont emballés

Plongée au coeur de l’action :

Jour du brief.

Les rebelles découvrent l’action. Estomaqués, impressionnés, fiers, excités, stressés. L’ambition est là, portée par une détermination décuplée car partagée. Moments silencieux et récréatifs s’alternent. Les rebelles écoutent et s’affairent. Les regards qui se croisent s’emplissent de courage et de confiance.

La confiance. Ce pouvoir s’empare de nos coeurs pour tisser ce lien qui nous unit dans cette folle aventure.

Nous repartons du brief prêt.e.s à en découdre.

La veille au soir les estomacs se nouent, la pression monte. Et si rien ne fonctionnait ? Et si nous sommes attendu.e.s ? Nous partageons tou.te.s cette petite angoisse : finalement, le pire qui puisse arriver, c’est que l’action n’ait pas lieu.

Jour de l’action.

Nous nous retrouvons pour les derniers détails. Chaque rebelle a son groupe assigné, il est l’heure de se mettre en route. Tel.le.s des comédien.ne.s nous nous repassons dans nos têtes la scène telle qu’elle se déroulera dans quelques heures. Cet interstice nous laisse libre de ressentir pleinement ce qui est en train de se jouer, ce que signifie agir en ce lieu et moment précis.

Ensemble, de se savoir citoyen.ne.s à la reconquête d’un lieu du Démos (grec de « peuple » ) est une sensation vivace quasi organique. Ce rendez-vous avec le Kratos (grec de « pouvoir ») est nécessaire et légitime. Ce « retour aux sources » nous imprègne.
Où se situe le pouvoir ? Qui le sert ? A qui sert-il ? Comment nous représentons-nous le pouvoir ? Quel est notre rôle ainsi que notre place dans ce jeu politique déterminant pour notre avenir ?

“La citoyenneté politique (qui est un mode de l’agir) doit être pensée sur le mode d’un agir- ensemble, lui-même indissociable d’un “apparaître-commun-des êtres” dont la condition impérative est l’institution et la préservation d’un espace public d’apparitions”. Ce propos d’Hannah Arendt donne tout son sens à notre action. Libres et légitimes, nous avançons.

Le déploiement.

C’est le top départ. Les rebelles arrivent, elles et ils se déploient. En quelques minutes, le tableau se met en place. Les torches brûlent, les banderoles tentent de s’installer, les militantes se hissent aux barreaux de l’Assemblée nationale aidées de leurs anges gardiens. Une incroyable effusion de joie nous traverse alors, on l’a fait. L’excitation est à son comble. Nous prenons conscience du symbole que l’on crée. Nous reprenons possession de cet espace public. Nous recréons un dialogue rompu avec nos élu.e.s, censés nous représenter et lutter pour le bien commun.

Les forces de l’ordre sont également sur les lieux, occupées à nous disperser. Vainement.

Dans le même temps, Adrien Quatennens -député-, prends la parole dans l’hémicycle. Il défend notre action et appelle les 12 élu.e.s qui ont reçu une clé, à sortir pour venir détacher les rebelles enchaînées aux grilles de l’Assemblée. Ceci n’est pas une provocation mais bien un appel à un échange. Venez nous libérer, regardez-nous soutenir ces propositions de la CCC que vous avez condamnées. Et peut-être que par ce geste vous comprendrez.

Les clés de notre avenir sont alors littéralement entre leurs mains.

Dehors, les intervenant.e.s venu.e.s en soutien prennent la parole.

Cyril Dion, Jean- François Périgné -de la Confédération Paysanne-, Lucie Lucas -comédienne-, Camille Etienne -activiste pour le climat-, William Aucant -membre de la CCC- et Elodie Nace -porte parole d’Alternatiba / ANV COP21-, ainsi quelques député.e.s de l’opposition étaient présent.e.s pour animer cette après-midi si particulière.

Les rebelles, attachées par le cou aux grilles, resteront 3 heures, jusqu’au prononcement du vote. Quant aux 12 élu.e.s, nous attendons toujours leurs clés…!

Le texte a été adopté avec 332 voix, contre 77 et 145 abstentions. Triste journée pour la démocratie, mais surtout pour notre avenir. Car au-delà de leurs lois, ce sont nos vies qui sont en jeux.

Ce 4 mai nous a rassemblé.e.s, a fait battre nos coeurs pour une démocratie libre et vivante. Les député.e.s, quant à elles.eux, n’auront fait que porter le coup de poignard final à cette démocratie vacillante.

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© Photos : @Le_Duq et @theitewoman

La Démocratie n’a pas dit son dernier mot !

Nous pensons que seule la démocratie nous permettra de faire face à la catastrophe climatique en cours.

Pour une révolution démocratique, par le peuple et pour le peuple, rebellons-nous ! Si vous souhaitez rejoindre le combat démocratique et écologique que nous menons, rejoignez-nous ! Vous pouvez également nous soutenir en faisant un don !

Je soutiens la rébellion

Malgré le vote de cette loi indécente, nous continuerons à nous battre. Ne cédons pas à la fatalité, ni à l’immobilisme de nos dirigeants. Reprenons le pouvoir, soyons la goutte d’eau qui fera déborder le vase !

“Il vient une heure où protester ne suffit plus : après la philosophie, il faut l’action.” - Victor Hugo