Pour mettre en évidence l’enfermement dans lequel la publicité nous cloisonne une rebelle du Groupe local de Montpellier s’est emprisonnée dans un panneau publicitaire. Elle a écrit un texte qui reflète totalement la vision que le Groupe Local a de la publicité et de ses ravages. Nous avons eu beaucoup d’émotion à lire puis à déclamer, pendant l’action, ce texte plein d’énergie, d’engagement et de talent.

Nous vous l’offrons ici en espérant qu’il sera partagé par le plus grand nombre de rebelles. 💚✊

La pub nous enferme !

Elle nous enferme, en nous martelant à chaque coin de rue, que notre fonction principale dans la société est de consommer. Elle nous réduit à notre pouvoir d’achat, à notre devoir de faire tourner l’économie, d’acheter des choses dont on a pas besoin pour enrichir les grands patrons, pour le “progrès”, la “croissance” et pour se sentir soi-disant exister.

La publicité nous enferme aussi dans le paraître, le superflu, le superficiel, en nous faisant croire que l’on ne vaut rien dans ce monde si on a pas le dernier téléphone, telle marque de fringues ou si on est pas assez connecté.e.s, pas assez rapides, pas à la page.

Elle nous enferme dans un système qui est voué à sa perte écologiquement parlant, car tout le monde le sait maintenant, personne ne peut dire en tout honnêteté que la croissance peut être infinie sur une planète aux ressources finies. Y a t il vraiment des gens qui rêvent de croissance infinie?

Elle nous enferme en nous formatant, en nous inculquant des diktats, ceux de la “beauté”, de la jeunesse, de la virilité… En nous faisant croire que l’on ne peut exister qu’à travers eux, en nous empêchant d’entrevoir d’autres manières de penser, les alternatives possibles, les façons d’être mieux avec soi, avec les autres, avec la Nature.

La publicité enferme nos imaginaires, ne nous propose pas de manière de grandir, de s’épanouir, en tant qu’être humain, individuellement tout comme collectivement, et ne nous permet pas de s’ouvrir, de partager.

La publicité nous enferme dans le chacun pour soi, dans l’égoïsme, la compétitivité, le productivisme, en mettant de côté l’intérêt général au profit du pouvoir et de l’argent.

Elle nous enferme socialement dans nos classes en nous rappelant que, dans notre société, la réussite passe par le matériel, l’accumulation de biens, la réussite professionnelle.

Elle nous enferme au quotidien en ne nous laissant aucun répit, aucun moment ou endroit où laisser vagabonder nos esprits comme beau leur semble, en occupant nos espaces de cerveaux disponibles de 1000 manières. Elle colonise notre quotidien au volant, en vélo, à la radio, la télé, les réseaux sociaux, la musique, les journaux.

La pub nous enferme dans un cercle vicieux, celui du progrès technologique. Elle nous culpabilise : de ne pas assez faire tourner le système ou juste d’émettre l’idée qu’à un moment il faut savoir arrêter, être lucide et refuser le progrès pour le progrès.

Elle nous enferme aussi dans nos privilèges, notre condition d’occidentaux aisés dont le but - et principal problème pourtant dérisoire - est de consommer alors qu’une grande partie de la population mondiale meurt de faim, de pauvreté et fait preuve pourtant d’une richesse humainement bien plus grande.

La publicité nous enferme aussi par le greenwashing, en essayant de racheter nos consciences, en nous déculpabilisant, en nous faisant croire que le capitalisme et la croissance verte existent et sont viables, que c’est la solution pour pouvoir continuer dans le monde du capital, le plus longtemps possible, en extraire jusqu’à la dernière goutte de pognon.

Elle nous enferme dans l’AVOIR, nous voulons ÊTRE !

En tant que militant.e.s elle nous enferme dans nos peurs du monde qui nous attend demain. Humainement mais surtout écologiquement parlant, chaque panneau de pub, chaque incitation à la consommation est un pas de plus vers l’extinction des espèces, de la biodiversité, du monde tel qu’on le connaît et qui nous entraîne vers l’inconnu, ce monde que l’on aura honte de léguer aux générations futures.

Elle nous enferme dans une certaine rage, celle de vaincre mais aussi celle qui accompagne parfois le sentiment d’impuissance. Rage de voir le monde fermer les yeux pendant que le naufrage ( n’approche pas, non ) est déjà là.

Elle a beau nous enfermer, elle ne réussit pourtant pas à nous abattre. Parce que nous sommes pleins d’Amour, d’Espoir. Parce que nous sommes vivant.e.s et que ça vaut toujours la peine de SE REBELLER POUR LE VIVANT !