Action « Poison d’Avril » : Finance en perfusion, l’Art en résolution ?

Finance, Eurosystème, Démocratie : un tryptique raconté par Extinction Rebellion dans une performance artistique.

Dans le cadre de la “Money Rebellion”, une vague d’actions internationale ayant lieu le même jour dans de nombreux pays, Extinction Rebellion France a mené une action artistique, visuelle, perturbante et semi-bloquante devant la Banque de France, à Paris.

Finance, la perfusion d’un système

Nous avons agi pour dénoncer le rôle du secteur financier.

Secteur au cur d’un système toxique, fondé sur la course au profit et à la croissance, qui finance les énergies fossiles, détruit les écosystèmes, dégrade les conditions de vie des populations, et accroît les inégalités.

Voici donc le tableau d’une utopie capitaliste, qui, si la terre était plate, n’aurait pas autant repoussé les limites du Vivant, de peur de les voir chuter dans le vide. Mais voilà, la Terre est ronde. Et aujourd’hui l’imaginaire collectif de l’infini est rattrapé par les faits scientifiques. Les limites existent. Nous courrons à notre perte. Mais dans les banques, à part les cravates, rien n’étouffe personne.

La Machine continue de tourner.

Un système bien huilé qui trouve ses ressources dans les banques centrales.

Argent magique, cadeau empoisonné

L’Eurosystème apporte aveuglément un soutien colossal à un système financier responsable d’investissements toxiques.

En 2020 l’Eurosystème, composé de la Banque Centrale Européenne (BCE) et des banques centrales nationales des pays membres de la zone euro, dont la Banque de France, a créé de “l’argent magique” dans des proportions sans précédent : son bilan dépasse actuellement le chiffre record de 7 000 milliards d’euros. Sous prétexte de respecter une “neutralité de marché”, l’Eurosystème ne prend en compte aucun critère écologique ou éthique lorsqu’il acquiert des titres en contrepartie de l’immense quantité de monnaie qu’il créé, qu’il s’agisse des titres qu’il achète sur les marchés financiers, ou des titres que les banques privées lui déposent en garantie.

Démocracide

Un énorme problème pour la Démocratie, puisque public et privé se confondent, fusionnent. Une vision que soulève David Graeber dans son ouvrage, « Bureaucratie ». L’anthropologue y dénonce que « « Démocratie » a donc fini par signifier le marché. « Bureaucratie » : l’ingérence de l’Etat dans le marché. »

Tout cela n’est donc que poudre de Perlimpinpin. Car cette croissance si louée et promise par nos dirigeants si occidentalo-centrés, n’est ni verte, ni noire, ni grise, elle n’est que le désenchantement de toutes les sociétés confondues. Un désenchantement médité, chorégraphié et mis en scène par nos rebelles XR France le jeudi 1er avril 2021.

Tou.te.s des Dali en Herbe

Des herbes folles qui ne demandent qu’à vivre dans un monde où l’exploitation et la domination du Vivant par et pour l’argent n’est plus. Où l’équilibre se réinstalle pour que chaque espèce subvienne à ses besoins. Un monde où l’argent ne fait pas le bonheur.

Est-ce si surréaliste ?

Avec dérision, créativité et humour, nos rebelles ont parodié banquiers et banquières se foutant du peuple et de ses revendications humanistes et écologiques. Les billets volent, le pétrole coule à flots et éclabousse. La façade est prise d’assaut. « Money » des Pink Floyd résonne. Une chorégraphie sarcastique et indécente se joue alors.

En réponse à l’horreur, une performance à l’esthétique grinçante et vraie.

En prolongement de l’agitation, une médit’action. Pendant que les corps s’expriment, les esprits de nos rebelles étirent le temps et se recentrent sur un essentiel oublié.

En opposition à la violence qui s’opère, de l’émotionnel. En opposition au verrouillage et à l’opacité, un espace ré-approprié où la parole est libérée.

Venus de Bruxelles pour l’occasion, les député.e.s Marie Toussaint -cofondatrice de “Notre Affaire à Tous”- et Pierre Larrouturou -rapporteur général du Budget 2021- étaient de la partie pour soutenir notre action !

“Est-ce que l’humanité va aller vers son suicide sans agir ? Nous sommes ici pour dire non ! Honte à la Banque de France, honte à ceux qui détruisent le vivant.”

Des mots remplis d’espoir, encouragés par les rebelles, même nassé.e.s.

À la suite de l’action, une cinquantaine de rebelles ont été embarqué.es au poste et verbalisé.e.s. 11 rebelles ont passé plus de 20h en garde à vue et l’une d’entre elleux est convoquée au tribunal en septembre pour “dégradation légère”.

La répression policière, judiciaire et financière, ne nous fera pas taire, jamais.

photos : Kim Iteman, Magdalia, Le DuQ


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