Depuis près de 20 ans, les gouvernements successifs ignorent les oppositions au projet de “cluster” Paris-Saclay. La bétonisation menace les terres agricoles fertiles du Plateau, alors même que la région IDF n’assure pas sa résilience alimentaire.

L’État a décidé, dans le cadre de son programme “Campus”, de rassembler sur le Plateau de Saclay un vaste ensemble d’établissements d’enseignement supérieur, de recherche et de développement représentant 20 % de la recherche française. Le projet de “cluster” scientifique s’inscrit aussi dans l’Opération d’Intérêt National (OIN) Paris-Saclay décidée également par l’État en 20051. Ces décisions témoignent à la fois d’une concentration sur Saclay de l’effort de recherche français (Polytechnique, Centrale, ENS, CEA…) et d’une centralisation du pouvoir de décision au détriment des collectivités locales. 

L’État a engagé des discussions -sans caractère officiel- sur des sujets limités mais pas de débat public dès l’origine des projets comme devraient l’y conduire la lettre et l’esprit de la Convention d’Aarhus dont la France est signataire. La Convention précise que la participation doit avoir lieu « lorsque toutes les options et solutions sont encore possibles et que le public peut exercer une réelle influence », c’est-à-dire en amont de tout projet2

Au cours de la discussion du projet de loi relative au Grand Paris, l’État a circonscrit le débat au choix et à l’emplacement de nouvelles gares. Mais il a refusé tout débat sur la pertinence de développer un “cluster” sur un territoire qui possède des terres agricoles fertiles. Ces terres sont de plus en plus rares en IDF, alors même que la région dépend des importations pour 98% de ses besoins alimentaires 3. L’artificialisation continue des terres en IDF pose de manière aiguë le problème de sa résilience alimentaire dans les années qui viennent. Ainsi, le projet de construction de la ligne 18 dans le cadre du Grand Paris Express, et la bétonisation qu’il va immanquablement entrainer , ont suscité une vive opposition de la part d’habitants, d’agriculteurs, de scientifiques et d’associations du Plateau4.

UN DÉNI DE DÉMOCRATIE

Depuis de nombreuses années, les populations et les associations de la vallée de la Bièvre, du plateau de Saclay et de la vallée de l’Yvette réclament une amélioration très significative des transports en commun. La saturation des lignes RER B et C ainsi que leurs dysfonctionnements quasi quotidiens, l’inadaptation des réseaux de bus et leurs fréquences notoirement insuffisantes, sont régulièrement dénoncés5. Le concours d’idées de l’OIN du Plateau de Saclay (2007) fixait comme objectif de relier les principaux points du territoire concerné en 20 minutes. Le projet de métro automatique de la ligne 18 soutenu par la Société du Grand Paris (SGP) ne répond pas aux attentes de celles et ceux qui habitent ou travaillent sur les territoires de Saclay. Pire, la ligne 18 va entrainer une bétonisation et un fractionnement des terres et en conséquence une disparition de la biodiversité. Même les services du Premier ministre -CGI- reconnaissent que ce projet ne serait justiable pour les finances publiques que s’il s’accompagne d’une urbanisation renforcée du Plateau6.

Depuis près de 20 ans maintenant, l’État ne tient pas compte des oppositions à la bétonisation du Plateau. Les oppositions viennent des tous les secteurs de la société : agriculteurs, scientifiques, associations d’usagers ou écologistes, élus locaux…  L’État refuse aussi d’examiner les alternatives réalistes à la ligne 18. Cette ligne -dont il est établi qu’elle ne “remboursera jamais le coût CO2 de sa construction” 7- est à la fois un gouffre financier et une catastrophe écologique. Nous voyons dans la situation du Plateau de Saclay que la destruction de la biodiversité, et l’artificialisation des sols sont liées à un déni de démocratie. C’est pour cela que Extinction Rebellion -avec notamment YFC, Ecopolien, et des associations du Plateau- organise le 30 mai à Saclay une Assemblée dans le cadre de “Démocratie Sans Filtre”. Nous affirmons que la France ne sera jamais à la hauteur des enjeux climat & biodiversité sans une remise à plat du fonctionnement de sa démocratie. 

Ecologie et démocratie sont intrinsèquement liées  !

Notes :