À Lavaur, sur le site “les cauquillous”, une centaine d’activistes de mouvement Extinction Rebellion Toulouse & ami·e·s ont mené une action au siège social et administratif du groupe Pierre Fabre.
Cette action vise à mettre en lumière l’implication du géant pharmaceutique dans le projet de l’Autoroute A69 Toulouse-Castres, et à dénoncer une nouvelle fois le non-sens écologique et social de ce projet.

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Pourquoi cette action ? 🤔

Le groupe Pierre Fabre et les autorités locales semblent déterminés à maintenir leur projet de construire l’autoroute A69. Par cette action, nous leur montrons que notre détermination est plus grande encore.
Ils sont une poignée d’actionnaires, protégés par les autorités locales, à vouloir cette autoroute pour le profit qu’elle leur apporte. Nous sommes des milliers de citoyen·ne·s (plus de 5000 selon l’enquête publique), plusieurs collectifs locaux et nationaux, des partis politiques, à refuser ce projet qui nuira aux habitants et dont rien ne justifie la destruction écologique qui l’accompagne.

Une catastrophe pour les habitants

Comment défendent-ils une telle aberration ? Eric Ducourneau, directeur général du groupe Fabre, invoque le « désenclavement » du bassin Castres-Mazamet, et la « sécurité » des automobilistes.
Ce serait presque risible si les enjeux n’étaient pas si graves, quand on sait qu’il existe aujourd’hui une route nationale gratuite qui effectue exactement le même trajet, et qui connait en moyenne 4 mort·e·s par an.
Si l’autoroute voit le jour, cette nationale serait ralentie et dégradée, pour pousser les automobilistes à payer leur trajet : 16,7€ l’aller-retour ! Qui iraient bien entendu dans la poche des actionnaires et non des communes.

Utiliser leur “désenclavement” comme argument, c’est se moquer ouvertement des habitant·e·s de Soual et Puylaurens, qui verront les routes nationales déviées en plein dans leurs centres-villes, apportant embouteillages, insécurité routière, pollutions sonores et atmosphérique.
Sans parler des 80 habitations et exploitations agricoles que ce projet prévoit de détruire !

Si le “désenclavement” des habitants les intéresse tant, pourquoi ne pas plutôt mobiliser toutes ces ressources financières (plusieurs centaines de millions d’euros dont 23 millions d’argent public) dans l’amélioration des transports en commun (ferroviaires en particulier), de la route nationale existante, et favoriser les emplois locaux ?
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Une destruction de l’environnement

Plusieurs organismes indépendants dénoncent ce projet, dont le Commissariat Général à l’Investissement, le Conseil National de la Protection de la Nature, l’Office français de la biodiversité, et même l’Autorité Environnementale, qui le juge « anachronique ».

En effet, ses conséquences environnementales seraient désastreuses : augmentation des inondations sur le territoire, modifications du lit de certains cours d’eau, impacts sur la biodiversité, sans compter la pollution due à la vitesse des véhicules et à la gestion des plateformes autoroutières. 366 hectares de terres arables seraient artificialisés : des dizaines d’agriculteur·ice·s verraient ainsi leur système d’exploitation complètement modifié, et certain·e·s seraient obligé·e·s d’abandonner leur activité.

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Un déni de la démocratie

Mais les protestations des habitant·e·s et de l’Autorité Environnementale pèsent apparemment moins lourd que le pouvoir politique et financier des entreprises privées et des élu·e·s qui les soutiennent, puisque le projet se concrétise.

Cette injustice est symptomatique d’un enjeu bien plus large : c’est encore et toujours la décision d’une minorité pour qui seul le profit compte, au détriment des processus démocratiques, de toutes les sonnettes d’alarmes qui sonnent depuis des décennies sur l’urgence climatique, et du bon sens même.


Pourquoi ciblons-nous “Pierre Fabre” ? 🧪

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Le groupe Pierre Fabre joue un rôle clé dans ce projet autoroutier. Cette firme tarnaise bénéficie d’une grande influence dans les décisions politiques locales (il s’agit du 2ème groupe pharmaceutique privé français et du 2ème groupe dermo-cosmétique mondial).
Ainsi, en 2006, l’ancien directeur délégué du groupe arpentait “les salons et même les antichambres des ministères pour faire progresser ce dossier d’intérêt général”, et “c’est au cours d’un déjeuner avec le ministre des Transports que Pierre Fabre a obtenu l’accord de l’État pour un recours à une concession afin d’aménager en 2x2 voies la liaison Verfeil-Castres”.
Voilà comment les choses se font, deux ultrariches qui se resservent un verre de vin en décidant d’un projet qui piétine l’urgence écologique et dégrade la vie de centaines de personnes… Après tout, ils n’entendront pas l’autoroute, depuis leurs grandes villas !

Nous sommes convaincu·e·s que ce projet n’a plus lieu d’être et qu’il émane d’une volonté purement égoïste et à ce jour désuète, alors que le réchauffement climatique menace la vie sur Terre et qu’une transition dans les domaines de l’entreprise et des transports (entre autres) est urgente et absolument nécessaire.
Comment croire nos élu·e·s locaux/locales quand iels disent encourager et porter la transition, et qu’iels soutiennent parallèlement la construction de cette autoroute dévastatrice ?
Nous posons aujourd’hui la même question au groupe Pierre Fabre, lui qui se vante par ailleurs de ses qualités en termes de durabilité et de pratiques “vertes”, comme la grande majorité des entreprises aujourd’hui. Le groupe promet par exemple de “protéger notre patrimoine végétal, réduire notre empreinte environnementale, promouvoir la culture biologique et favoriser l’agroécologie”, ou encore de “respecter nos agriculteurs et fournisseurs partout dans le monde et contribuer au développement durable de nos régions et de leurs communautés”.

Ce greenwashing nous semble particulièrement hypocrite à la lumière de ce projet d’autoroute, puisque Pierre Fabre ne peut ignorer tous les sinistres environnementaux et sociaux qu’il engendrerait sur son propre territoire.
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Une alternative bien plus cohérente existe 😌

De plus en plus de collectifs et d’associations se joignent à la lutte pour empêcher la construction de cette autoroute. Parmi elles, “LVEL” (La Voie Est Libre) rassemble plusieurs centaines de personnes et travaille à réunir toutes les informations et rapports relatifs au projet.
Ce collectif ne cesse de proposer un réaménagement de la route nationale RN126, afin qu’elle soit améliorée. D’après leurs rapports, une amélioration de cette route déjà existante impliquerait une somme d’argent très nettement inférieure à la construction d’une autoroute, éviterait l’artificialisation de plus de 300 hectares, et permettrait de compenser les problèmes liés au manque de sécurité de la nationale (c’est l’argument majeur du groupe Fabre).

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Ce projet est absolument incohérent et scandaleux !
La résistance s’organise, s’intensifie et ne s’arrêtera pas tant que les acteurs du projet n’y mettront pas un terme !
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