⚫️ Blocage de TotalÉnergies par XR Lille
Ce vendredi 4 novembre, les activistes de Extinction Rebellion ont bloqué le site de Total Énergies vêtu·e·s de combinaisons blanches et de matériel de blocage, en simultané, les activistes se sont déployés devant le Crédit du Nord à Lille.
Le 04 novembre 2022 au petit matin, nous, Extinction Rebellion, avons bloqué l’entrée du stock de dépôt de carburant de Mardyck appartenant à TotalEnergies, près de Dunkerque. Nous n’étions pas ici par plaisir. Nous étions ici parce qu’il y a urgence. Alors que la COP27 s’ouvrait en Égypte dimanche 6 novembre, nous étions ici dans un contexte de crise : de crise énergétique, de crise financière, de crise sociale, de crise climatique.
Menteur, profiteur, pollueur : TotalEnergies est accusé de partout.
Menteur : car depuis les années 70, ce fleuron de l’industrie française était au courant des dangers du réchauffement climatique, et a tout fait pour cacher au monde ces informations afin de préserver ses intérêts financiers.1 TotalEnergies savait, et nous a entraîné vers un monde invivable, en nous faisant croire que les énergies fossiles étaient l’avenir. Menteur également, le patron de Total, Patrick Pouyanné, qui affirme être « fatigué » de s’entendre dire que son salaire avait augmenté de 52% en 2021 alors qu’il n’avait gagné « que » 3,9 millions d’euros en 2020, contre 5,9 millions en 2021…
Profiteur : car, alors que le monde est plongé dans une crise économique, que les inégalités entre les plus riches et les plus pauvres se creusent de plus en plus, que la guerre fait rage en Europe, les profits de TotalEnergies ne cessent d’augmenter. Fin septembre, Total a annoncé le versement de 2,62 milliards de dividendes exceptionnels à ses actionnaires pendant que les salariés faisaient grève pour leurs salaires. Profiteurs de l’injustice et de la précarité de leurs employés donc, alors que l’inflation dure et que de nombreux françaises et français peinent à faire le plein et à finir le mois. Profiteurs également de la guerre en Ukraine, et sa hausse des prix de l’énergie, avec des bénéfices records de 6,6 milliards de dollars au troisième trimestre 2022, a annoncé le groupe jeudi 27 octobre. Ils réussissent l’exploit, en pleine guerre et inflation, d’engranger, en neuf mois 17,3 milliards de dollars de bénéfices, plus que sur la totalité de l’année dernière (16 milliards). Profiteurs de l’État enfin, puisque TotalEnergies a réussi l’exploit de ne pas payer d’impôts en France en 2019, 2020 et 2021. De plus, la taxation des uperprofits de ces entreprises n’est toujours pas à l’ordre du jour, le Ministre de l’Économie Bruno Lemaire affirmant même : « les superprofits, je ne sais pas ce que c’est ».
Pollueurs : car, malgré leur changement de nom et leur greenwashing, TotalEnergies est notamment impliqué dans 24 « bombes carbone » qui participeraient à réchauffer la planète de plus de 2 degrés.2 Un forage gazier dans l’Arctique russe, d’immenses réserves pétrolières aux Émirats Arabes Unis, des projets au Mozambique, et bien sûr EACOP, gigantesque oléoduc de pétrole brut en plein cœur de l’Afrique. Ces projets déplacent des populations, mettent en danger la faune et la flore, nous rapprochent dangereusement d’une véritable catastrophe climatique. Pire, ces activités écocidaires sont effectuées avec la bénédiction de l’État français qui joue les intermédiaires entre TotalEnergies et le gouvernement ougandais, assurant à ce dernier le soutien de la France via la voix d’Emmanuel Macron. L’État français, qui ne voit pas l’intérêt de taxer les entreprises polluantes ou d’établir un ISF climatique, s’assure en revanche que les institutions diplomatiques et financières françaises apportent au projet EACOP une caution morale et parfois même une garantie financière. Ce soutien, aussi représenté par une coopération militaire, a des répercussions humaines : début octobre, des manifestants et manifestantes pacifiques contre le projet EACOP se sont fait matraqués par la police ougandaise, pays qui préfère que sa population souffre pour des intérêts financiers. Le mépris de la irme TotalEnergies pour l’humanité et le vivant est intolérable. En mai, des actionnaires de TotalEnergies ont même lancé aux activistes présents devant l’immeuble où se déroulait leurAG, “crève et fais pas chier”. Pendant qu’eux votent pour un avenir couleur pétrole et à l’odeur de gaz, le monde s’effondre. Le GIEC, les experts, les scientifiques sont formels :
- La montée des eaux menace 500 millions à un milliard de personnes
- 8 à 80 millions de personnes souffriront de la faim d’ici 2050
- Et il y a aura 243 millions de réfugiés climatiques dans la même période
Que font les gouvernements à part hocher la tête devant ces chiffres alarmants ? Que font les plus gros pollueurs à part prendre leurs jets privés pour un Paris-Londres ? Que font leurs financeurs ? Ils continuent leurs projets écocidaires dans la plus totale impunité. Les scientifiques alertent, les gouvernements font la sourde oreille et les industriels continuent leurs activités. Business as usual. Les pandémies, les guerres, les morts, la précarité : rien n’arrête ces géants dans leur course effrénée vers le profit. Le fameux or noir, mais également le gaz, l’eau, la terre, le bois des forêts…Total Energies, Patrick Pouyané et ses amis, les lobbys et les politiques nous font croire que nos ressources sont inépuisables, que la technologie nous sauvera, que la croissance verte existe. En vérité, ces promesses ne servent qu’à alimenter les profits des plus riches et de leurs entreprises, au détriment des droits humains et de la nature. Cet imaginaire, suicidaire, n’est plus possible.
L’année dernière, l’état français a été condamné pour inaction climatique mais n’en fait toujours pas assez ; il a également été condamné pour la deuxième fois par le Conseil d’État pour ne pas avoir agi assez rapidement contre la pollution de l’air, avec une amende 20 millions d’euros. Quant à TotalEnergies, il est accusé de partout : greenwashing, pratiques commerciales trompeuses… Le 7 décembre prochain, l’audience contre TotalEnergies et six ONG l’accusant d’ignorer les droits humains et de l’environnement dans le cadre d’EACOP, s’ouvrira. Nous ne voulons plus de leur monde injuste. Il est temps que les pollueurs paient et que les états qui les soutiennent soient contraints de changer de trajectoire. Il y a urgence, nous le répétons. Vivre dans un monde à+2 degrés, ce sont des incendies pires qu’en Gironde ou en Bretagne cet été. Ce sont des inondations pire qu’en Allemagne ou qu’au Pakistan. Ce sont des sécheresses qui vont durer plus longtemps, des rendements agricoles en baisse. Ce sont des tempêtes plus meurtrières, des accès à l’eau de plus en plus compliqués. Ce sont des guerres de ressources.
Nous voulons une véritable justice climatique et sociale. Nous voulons une justice énergétique pour permettre à toutes et à tous une vie digne et un accès aux besoins fondamentaux. Nous voulons stopper les projets écocidaires comme ceux que TotalEnergies entreprend partout dans le monde. Nous voulons que les États prennent leurs responsabilités et protègent les populations et les personnes les plus vulnérables face aux dérèglements climatiques.
Nous demandons :
- L’arrêt complet des financements en faveur des énergies fossiles, l’interdiction des nouveaux projets pétro-gaziers et des bombes carbone pour pouvoir atteindre les objets des Accords de Paris
- La fin des passe-droits pour les megapollueurs sur les impôts, la taxation des super-profits, et que des mesures contraignantes leur soit imposées pour une meilleure égalité.
- La rénovation énergétique des habitations et bâtiments à commencer par les logements les plus précaires
- La gratuité des transports en commun : pour permettre à chaque citoyen.ne de limiter l’utilisation de la voiture particulière
- La fin complète des publicités pour les énergies fossiles (le gaz en étant exempté aujourd’hui jusqu’en juillet 2023 et le mécénat, le parrainage, la communication institutionnelle et la publicité financière sur les produits énergétiques fossiles restent autorisés).
- La fin des jets privés, la taxation du kérosène pour l’aviation ainsi que l’interdictions des vols intérieurs lorsqu’une alternative en train d’une durée inférieure à 2h30 existent, comme préconisé dans la proposition 145 de la Convention Citoyenne pour le Climat.