Le 22 mars, à l’initiative d’Extinction Rebellion Strasbourg, une trentaine de militant·es ont mené une action symbolique spectaculaire contre le projet d’enfouissement de déchets hautement toxiques sous la plus grande nappe phréatique d’Europe.

La bateau de la belle strasbourgeoise naviguait sur une eau vert fluo
L'Ill était verte fluo cet après-midi
Photo Mathilde Cybulski

Au cœur de la Petite-France, sur les pavés des Ponts Couverts, une trentaine d’activistes se sont couchés à terre. Portant des pancartes en français, allemand et anglais, ces militantes et militants d’Extinction Rebellion Strasbourg ont montré a la foule de locaux et de touristes des informations sur Stocamine, le site de stockage de déchets situé à une heure de route de là, à Wittelsheim.

Les rebelles tenaient des affiches pour expliquer l'action
Un die-in sur les ponts couverts
Photo Mathilde Cybulski

Sous les ponts et dans tout Strasbourg, l’eau s’est teintée de vert fluo jusqu’au Parlement Européen. La couleur détonne, et dénonce le scandale sanitaire qui se déroule depuis plusieurs années en Alsace : 42 000 tonnes de déchets ultimes (c’est-à-dire qui ne peuvent pas être recyclés ou valorisés à un coût raisonnable) sont actuellement stockés sous la nappe phréatique rhénane, qui approvisionne au minimum 7 millions d’habitants en France et dans les pays limitrophes. Une quantité énorme de déchets toxiques - arsenic, cyanure, amiante, déchets nucléaires - dont le Conseil d’État a validé l’enfouissement, malgré les nombreuses études et mises en garde des associations de défense de l’environnement. Depuis plusieurs dizaines d’années, de nombreux collectifs, associations et groupements transfrontaliers ont en effet mené des recours en justice pour empêcher l’avancée des travaux d’enfouissement, dont le dernier a été invalidé par le Conseil d’État le 16 février 2024 malgré l’avis du tribunal administratif.

Les rebelles en die-in sur les ponts couverts, une banderole sur la rambarde
42 000 tonnes de déchets sont stockés sous nos pieds
Photo Mathilde Cybulski

Accrochées par des fils de pêche aux rambardes du pont, des silhouettes de poissons morts rappellent aussi le choix symbolique de la date : le 22 mars, Journée internationale de l’eau. Deux banderoles d’une dizaine de mètres rappellent ainsi le danger imminent pour la plus grande réserve d’eau d’Europe : “Nappe contaminée, 7 000 000 d’intoxiqués”.

Des rebelles allongés portant des affiches, un passant interloqué essayant de comprendre
Les passants interloqués
Photo Mathilde Cybulski

Les militantes et militant souhaitent ainsi dénoncer l’inaction du gouvernement sur ce dossier, décrié sur tous les bords politiques. D’Yves Goepfert, Maire En Marche de la ville de Wittelsheim où se trouvent les anciennes Mines de Potasse d’Alsace devenues Stocamine, à l’association Alsace Nature qui a levé plus de trente-mille euros pour financer des contre-analyses, tout le monde est d’accord sur l’urgence de déstocker les déchets dans les meilleures conditions possibles. Un rapport de la commission d’enquête publique comptabilisait plus de 97 % d’opposition publique au projet en 2023.


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