Rebelles,

Demain, c’est le premier tour des élections législatives anticipées. L’heure est grave. Le fascisme est aux portes du pouvoir. Macron a cru malin de dissoudre en même temps l’Assemblée Nationale et ce qui restait de son propre camp le 9 juin dernier, après l’annonce de la domination de l’extrême droite aux européennes. La défaite est terrible pour les macronistes. Nous pourrions nous en réjouir, mais, c’est maintenant nous mêmes qui courrons un grand risque, avec la perspective bien réelle d’une l’arrivée au pouvoir du Rassemblement National de Marine Le Pen.

Ce résultat aux élections européennes reflète la monté généralisée du fascisme en Europe, qui souffle sur le continent un vent de repli autoritaire, xénophobe et climatosceptique. Il est le résultat des politiques libérales menées depuis les années 2000 par la droite et la gauche, poussant le capitalisme et rognant sur l’état social. On observe une polarisation et une droitisation sans précédent des discours politiques Français et européen. Les libertés individuelles reculent, les acquis sociaux sont attaqués de toutes parts et les conditions pour vivre dignement en société se dégradent.

Des médias, comme ceux de Bolloré, ont un impact majeur dans l’organisation de la propagande fasciste : normalisation, banalisation et promotion des idées d’extrême droite d’une part ; et attaques incessantes des idées, groupes ou personnes qui promeuvent des idées sociales, qualifiées d’extrême gauche (malgré les démentis du Conseil d’État), de wokes, d’islamo-gauchistes, etc… Une véritable tentative de déstabilisation calomnieuse de la gauche française. Ces attaques se font d’autant plus incessantes depuis le soutien de certain.es membres de la gauche à la population palestinienne, qualifié.es alors d’antisémites. Cette situation médiatique est sur le point d’empirer avec le projet de Vivendi de racheter à son tour le journal Le Figaro.

Ce sont donc des nuages extrêmement sombres qui se dressent à l’horizon, pour nos personnes et notre mouvement. Préparons vous à affronter la tempête à venir si jamais l’extrême droite parvenait au pouvoir !

Bonne lecture, avec Amour et Rage … toujours.

“On a encore jamais essayé le RN”

Rappelons ici que le RN est un parti fondé à l’origine par d’anciens SS et membres de l’OAS, organisation terroriste d’extrême droite (cf les pages wikipedia du RN, ou de Roger Holeindre, le membre le l’OAS en question et fondateur du FN). Il s’inscrit aujourd’hui dans la même ligne raciste et xénophobe, malgré la dédiabolisation commencée dans les années 2010 ou encore sa banalisation croissante depuis 2022. Même si les cadres du parti ne se montrent plus ouvertement racistes, xénophobes, antisémites etc, nombre de ses membres, élu.es ou candidat.es ont été condamné.es pour de telles infractions ces dernières années. Donc malgré sous façade maquillée, le RN ne perd pas sa vraie identité fondatrice, qui puise son énergie dans la haine de l’Autre, la stigmatisation des différences et la brutalité (cf le dossier sur l’autoritarisme de droite par Hacking Social).

Au-delà de l’idéologie précédemment décrite, le RN, c’est aussi une politique basée sur l’autorité, l’ordre et un soutien sans faille à la bourgeoisie, qui lui est par ailleurs plus que complaisante.

Une accession du RN au pouvoir aura de terribles conséquences, entre autres :

  • Lutte sans merci contre les personnes que ce courant juge indésirables, comme les étrangers, les personnes racisées, LGBTQIA+, non chrétiens, en situation de handicap ou de pauvreté, etc ;
  • Non-application d’un programme social mensonger : pour preuve, le RN a déjà reculé sur l’abrogation promise de la réforme des retraites ;
  • Relégation de la question du climat à l’arrière plan et abandon des luttes écologiques, en donnant la priorité au profit, au capital et à la société bourgeoise à court terme, avant la sauvegarde de la planète et du Vivant ;
  • Restriction des libertés individuelles, surveillance et autoritarisme, traque des opposant.e.s qu’iels soient appelé.e.s “éco-terroristes” “wokistes” ou autres ;
  • Repli et isolement stériles du pays sur lui-même ;
  • Discours autoritaires, guerriers et violents ;
  • Retour vers une éducation anti-esprit critique et axée sur la discipline et la morale ;
  • Repli de la culture, démantèlement de l’audiovisuel public.

A celleux qui pensent qu’« à quoi bon ? Ce sont les seul.e.s qu’on n’a pas encore essayé », et bien justement si, fascisme et autoritarisme ont été essayés en France sous Vichy et ailleurs en Europe à la même période, avec les conséquences, les massacres et les horreurs que l’on sait. Le RN s’inscrit dans la ligné de ces mouvements fachistes et l’oublier serait lourd de conséquences. Pour une comparaison plus actuelle, on peut voir les conséquences d’une arrivée au pouvoir de l’extrême droite en Italie, en Hongrie ou encore en Argentine. D’autres pays “essaient” donc l’extrême droite, et où les droits sociaux peinent à résister aux assauts.

Faut-il voter Front Populaire ?

Le Nouveau Front Populaire est apparu le 10 juin, au lendemain des Européennes et de la dissolution de l’Assemblée Nationale. Cette alliance s’est formée pour refuser l’autoritarisme et la violence de la Macronie, et a fortiori la haine du RN. Elle se dresse à l’image du Front Populaire historique de 1936, rempart contre le fascisme en son temps et synonyme aujoud’hui de conquêtes sociales historiques.

Cette alliance très large n’est en revanche que de circonstance puis qu’elle regroupe en son sein des éléments antagonistes. On y trouve à la fois des éléments et partis de rupture, radicaux, qui luttent au quotidien contre le système en place, mais aussi d’autres qui supportent ce système, voire qui sont eux mêmes responsables de la situation qui se présente à nous aujourd’hui, comme M.Hollande. La situation était semblable à l’époque, avec deux forces principales profondément différentes composant le Front Populaire : la SFIO et le PC. L’union d’alors, élue avec un programme plutôt modéré, se montrait en fait assez frileuse à des réformes ambitieuses. Mais son arrivée au pouvoir a entraîné gigantesque mouvement social, qui a poussé le gouvernement de Front Populaire de 1936 à mettre en place les grandes réformes qui ont fait sa légende (congés payés, semaine de 40 heures…). En réalité, sans poussée populaire, sans la mobilisation massive de la population, ces réformes n’auraient pas vu le jour.

Mobilisons-nous ! Tous.tes.

Aujourd’hui, chacun.e a la responsabilité de prendre part au mouvement. Dans la rue, au travail, en famille, avec ses voisin.es, ses camarades, ami.es ou même inconnu.es, il est temps de se mobiliser !

Comment faire ? Le vote est une chose, il faut le dépasser car il ne sera pas suffisant. XR n’attend pas d’être élu pour agir:

  • Ne surtout pas attendre le résultat des élections pour s’engager ;
  • Manifester le refus de l’extrême droite partout en France avant chaque tour des élections législatives ;
  • S’engager dans un groupe local de lutte ;
  • Contribuer à la construction d’un mouvement de masse pour défendre le climat et les habitant.es de notre planète ;
  • Participer à des actions de désobéissance civile pour faire connaitre notre parole et porter notre message.

Seul un engagement massif permettra de répondre à l’urgence planétaire et de changer en profondeur les sociétés dans lesquelles nous vivons. À la clé, une humanité respectueuse de son environnement, mais aussi des êtres qui la composent.

Vers un nouveau modèle démocratique

Extinction Rebellion, nous le rappelons très souvent, n’est pas q’une histoire de climat. Nous, rebelles, portons 4 revendications pour changer les systèmes dans lesquels nous vivons, habitons, relationnons, etc. Nous souhaitons alerter sur l’urgence climatique, la freiner et en réparer les dommages par des moyens d’actions directes comme la désobéissance civile avec des principes d’écologie sociale. Ainsi, la quatrième revendication d’XR, trop souvent oubliée, doit plus que jamais être portée :

“Nous exigeons la création d’une assemblée citoyenne chargée de décider des mesures à mettre en place pour atteindre ces objectifs et garante d’une transition juste et équitable.”

Autrement dit, nous exigeons un changement de modèle démocratique. Nous exigeons de reprendre le pouvoir de décider, ici et maintenant. Que cela se fasse par des assemblées populaires, ou par des collectifs militants et associatifs, nous devons repenser la politique comme la lutte pour nos droits, tout le temps et partout. Cet appel a déjà été porté par XR à travers la campagne Démocratie sans filtre ou lors de l’Inévitable Rébellion, et s’exprime cet été via la campagne Démocratie Hors Jeu avec l’action massive Jeux Interdits prévue le 27 juillet à Paris. Car voter ne suffit plus. Au vu de l’urgence climatique, du nombre de féminicides toujours aussi alarmant, des discours transphobes, homophobes, racistes, etc., ou encore du recul des droits sociaux nous ne pouvons nous contenter d’une vision étroite de notre pouvoir politique. Nos institutions et ses représentant.e.s se sont montré.e.s incapables de répondre à l’urgence sociale et écologique à laquelle nous faisons face.

Alors que faire ? Diversifions nos moyens d’actions. Organisons nous au travail par les syndicats pour la défense de nos droits sociaux, pour soutenir nos collègues en souffrance, broyé.es par le néolibéralisme. Soutenons les luttes féministes et queer en donnant à des collectifs comme Nous Toutes ou en nous formant sur les Violences Sexistes et Sexuelles. Bloquons les sites d’enfouissement de déchets, comme celui de Stocamine pour protéger les générations futures. Manifestons aux côtés des paysan.nes, des étudiant.es et des sans-papiers. Amenons de la nourriture dans les squats qui font vivre des alternatives.

Et souvenons nous que la jeunesse (comme la vieillesse) emmerde le Rassemblement National et que quand l’espoir meurt … l’action commence !

👉 Résister à l’extrême droite en participant à Démocratie Hors Jeux
👉 S’inscrire à l’action Jeux Interdits du 27 juillet 2024

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L’équipe de la Newsletter XR France